Ascension du Huayna Potosi.

Il est lundi 30 mars 2012, 15h , je suis une pauvre petite larve en état de décomposition avancée/coma en train d’agoniser au fond de mon lit à La Paz. Je n’ai jamais été autant crevée de ma vie, j’ai un genou en vrac, une énergie tellement débordante que j’essaie d’attraper ma bouteille d’eau à 60 cm de moi sur mon lit avec mon câble de l’ordi que j’ai essayé de transformer en lasso. Mince, ça marche pas, il va falloir que je tende le bras…
Mais que s’est il passé pour que nini se transforme en larve géante??Et bien la réponse tient en deux petits mots: Huyana Potosi!!! Le Huyana Potosi c’est une montagne pas très loin de La Paz qui fait 6088m et qui est connu pour être un des quelques 6000m de la planète les plus « facilement » accessibles pour les novices en alpinisme comme moi.

Je dis facilement car par rapport aux autres 6000 et pour les alpinistes chevronnés c’est peut-être moins difficile mais pour les gens comme moi c’est quelque chose de très difficile physiquement. J’en ai bavé comme jamais dans ma vie, d’ailleurs c’est sur c’est le truc le plus dur physiquement que j’ai fait!! A oui parce qu’en plus, je l’ai fait deux fois! A croire que je suis complètement maso!!! Tout a commencé plusieurs mois avant de partir. En préparant le voyage j’ai su l’existence du Huyana Potosi. L’objectif était alors clair, le défi lancé!!! Foi de nini dans quelques mois je me tiendrai triomphante au sommet de cette montagne, en pleine forme!!! Bon sauf que lors de ma première tentative à 5800m j’ai du me replier en urgence au camp de base car je vomissais mes tripes, ma tête était prête à exploser, j’étais essoufflée comme si on venait de m’ enlever les 2/3 de mes poumons… Mal des montagne et Hayna Potosi 1/nini 0. Pas très glorieux quoi!! Mais je n’ai pas dit mon dernier mot!! Quand j’ai un objectif dans la tête il faut que j’aille jusqu’au bout sinon je suis pas bien mentalement!! Déjà qu’à l’état normal je suis un peu border line alors avec ce truc incrusté dans mon cerveau je suis carrément complètement déséquilibrée!! J’ai donc pris ma revanche et j’ai réalisé un des trucs les plus énormes de mon voyage!!
L’ascension se fait obligatoirement avec un guide. Le programme est sur 3 jours et est le suivant:
– J1: trajet La Paz/ premier refuge dans la matinée. L’après-midi est réservée à une séance d’entrainement sur un glacier à coté du refuge. Dîner assez tôt puis dodo car le J2 est très heu comment dire… Intense!
– J2: départ à 9h pour arriver vers 13h au camp de base, à 5130m. J’ entends déjà les mauvaises langues dire comment ça que 3h! Oui ce n’est que 3h de marche mais 3h sur un chemin avec une pente à 90 pourcent avec un sac de 20kg sur le dos c’est pas une cinécure. Arrivée vers 13h, déjeuner puis dîner à 17h pour se coucher a 18h. Dodo si on y arrive puis lever à minuit.
-J3: Depart à 1h du mat dans la nuit, 6h de torture heu pardon d’ ascension arrivée à 7h au sommet si personne n’est tombé/mort en route; 7h20 chemin retour, 9h arrivée au camp de base si personne n’est tombé/mort, puis encore 1h30 de descente dans la foulée pour arriver au premier refuge. Vers 11h arrivée des randonneurs/zombies au refuge, retour à La Paz en début d’aprem. Tu m’étonne que je suis crevée!!
Lors de la première tentative je suis partie avec l’agence Travel Traks. Ce sont eux qui font les prix les plus bas, les  » Crazy Thursday » à 900 bolivianos, environ 100 euros. Ils sont assez renommés, on l’air sérieux… C’est parti!! J’embarque avec moi Jonas, un canadien que j’ai rencontré dans le mini bus au retour de Coroico. Il lui restait quelques jours à La Paz, ne savait pas trop quoi faire… Je l’ai convaincu de venir avec moi, ce sera mon binôme. Dans le groupe il y a aussi Tobey, Max, Melanie, Alex, Tom et Chris; ils sont anglais et allemands.
Le premier jour se passe bien, on fait connaissance, c’est un bon petit groupe très sympa on rigole bien. En début d’après-midi donc direction le glacier à 45 minutes de marche du premier refuge.
L’objectif est de nous apprendre comment marcher sur la neige, avec les crampons, quand ça monte, quand ça descend…
L’exercice le plus difficile va être celui de grimper sur un mur de glace à 90 degrés juste à l’aide donc des crampons sur les chaussures et de deux piolets, un dans chaque main. A voir le guide le faire, ça a l’air super facile!! Quand vient notre tour c’est vite le désenchantement et surtout l’hécatombe!! En fait c’est très physique et très difficile, la plupart des mecs y arrivent laborieusement dans d’atroces souffrances lol, d’autres n’y arrivent pas… Et désolée de vous décevoir  mais la nini n’a pu grimper que 30cm lol et non il n y a pas eu de miracle!!
En dépression face à ma maigre performance je demande à mon guide si c’est grave pour la suite si on a pas réussi à monter, il me répond que non, qu’il n’y aura pas ce genre de truc pendant l’ascension, que cet aprem c’ était juste pour nous faire faire quelques efforts en altitude. Ooouff j’ai eu chaud!!
On rentre au refuge, on mange et on refait le monde autour de notre plat de pâtes, en se posant 1000 questions sur les deux jours à venir…
Le lendemain matin, ça se corse!! On fait notre sac et c’est parti pour 3 heures de montée jusqu’au camp de base. Dans mon sac il y a tout l’ équipement. Du coup entre les crampons, le baudrier, les chaussures pour l’ascension, le sac de couchage, le casque et tout le reste, le sac doit faire pas loin de 20 kilo. C’est une chose de porter ce sac pour aller prendre un bus puis à l’hôtel, mais en montagne à 5000m d’altitude avec une pente de la mort s’en est une autre, et ça se transforme vite en torture!!!
J’arrive au camp de base telle une insuffisante respiratoire à l’article de la mort. Heuuu mais si ces 3 heures pour aller au camp de base sont aussi difficiles, ça va être comment l’ascension dans la nuit, la neige, la montée, pendant 6h??? Bref j’arrive je jette mon sac, je me jette sur un banc, essayant de reprendre ma respiration laaargement altérée par le manque d’oxygène… On est à 5130m, rien que là on est plus haut que le Mont Blanc, qui culmine à 4810m. Ça fait bizarre de se dire ça!
Il fait super froid, le vent souffle fort, c’est pas des températures pour une marseillaise!!!
Le reste de l’aprem se passe tranquillement; je fais la connaissance de Estelle une française qui voyage avec son copain. La veille je l’ai vu monter le mur de glace en environ 2,5 secondes… Elle me dit qu’elle est prof de sport et qu’elle fait pas mal d’alpinisme. Ouf je comprends mieux la facilité avec laquelle elle a grimpé le mur, je pensais que c’était moi qui était handicapée!!
Son guide Juancho est super sympa, il m’offre des gâteaux que je n’ai pas pu refusé bien sur (beh quoi la montagne ça creuse!!), il rigole tout le temps et il est très souriant. C’est pas comme mon guide à moi qui fait tout le temps la gueule, qui est super antipathique, qui est là que pour nous emmener au sommet et basta. sans un sourire, sans un encouragement. Qu’une histoire de fric quoi, on est pris pour des portefeuilles sur pattes mais bon c’est comme ça dans tous les endroits touristiques d’amérique du sud alors il vaut mieux s’y habituer!!
On mange à 17h et à 18h au lit! On s’entasse dans un dortoir à l’étage du refuge, je m’engouffre dans mon duvet que j’ai loué pour l’occas car le mien ne descend qu’à moins 3 degrés, et il fait beaucoup plus froid que ça!!!!! A minuit mon réveil sonne; j’ai réussi à dormir quelques heures grâce à mes boules quies profondément enfoncée dans mes oreilles jusqu’aux tympans, autrement bonne chance pour dormir avec tous les ronflements et le vent qui frappe contre la vitre…
On se prépare avec tout l’équipement, on prend une collation à base de thé de feuille de coca, un peu de pain… et c’est parti!
Le chemin grimpe dès le début, l’obscurité est totale, seule ma lampe frontale éclaire un peu moins d’un mètre devant moi. Curieusement il ne fait pas trop froid, il faut dire que j’ai une bonne dizaine d’épaisseur sur moi!! Par contre je commence à être essoufflée très rapidement, dès les premières minutes de l’ascension. C’est bizarre c’est pas de moi quand même, d’autant plus que je pense être assez bien acclimatée car je suis restée quand même quelques jours à La Paz et ses environs avant de faire le Huayna Potosi.
Le chemin continue, c’est vraiment très pénible. Ça monte tout le temps, normal on va a plus de 6000m non mais je m’attendais à quoi, super Einstein!
Ma respiration se fait de plus en plus haletante, j’ai beaucoup de mal à reprendre mon souffle.
D’autant plus que mon guide n’a aucune patience, on dirai qu’il fait la course. Je demande à faire des pauses mais je pense qu’il fait semblant de ne pas entendre. Vraiment pas cool ce mec!!!
A 5800m, c’est le coup de grâce. Je commence à vomir, j’attrape un mal de tête carabiné, je ne me sens pas bien du tout. Mon pseudo guide qui s’ en fou me demande si je vais bien, attend je finis de vomir là non mais j’ai l’air d’aller bien?? Ce connard ne me demande pas ça par gentillesse ou quoi, comme ses encouragements inexistants, non je sens bien qu’il n’a envie que d’une seule chose, c’est que j’abandonne, pour qu’on redescende et qu’il puisse se coucher.
Je suis obligée de capituler, il reste deux heures de route et je ne peux pas continuer dans ses conditions, je suis trop mal. Mon guide refile mon binôme Jonas à un autre guide, je lui souhaite bonne chance pour l’ ascension et on redescend. Si la montée était dure, la descente n’en était pas moins difficile, car dans la nuit il ne faut pas faire un faux pas, sous peine d’accident!
On arrive au refuge vers 5h30, je vomis une dernière fois mes tripes et je file plonger dans mon duvet. 30 secondes plus tard je dors comme un bébé tellement je suis crevée.
Je suis réveillée 3h plus tard par le reste du groupe qui rentre au refuge. Ils sont tous totalement morts, en plus ou moins bon état. Certains vomissent, d’autres sont un peu hagards. En tout cas la moitié du groupe est allée au sommet, l’autre moitié s’est arrêtée juste avant, car apparemment une cinquantaine de mètres avant le point culminant il y a un passage très difficile et surtout très effrayant, que certains n’ont pas voulu franchir.
Cependant tous me disent que ce fut un spectacle à couper le souffle, une des plus belles choses qu’ils aient vu dans leur vie… Et moi je suis là, toute penaude à être la seule looseuse à ne pas avoir réussi un des plus gros défis de mon voyage…
Je croise mon espèce de guide qui ne me demande même pas comment je vais alors que 3 heures plus tôt j’étais malade comme un chien, remarque pourquoi me parlerai-t-il, après tout je ne suis qu’un portefeuille sur patte et ces choses là ça ne parle pas c’est bien connu, ça ne sert qu’à mettre la main au portefeuille! Non mais quel connard!!!
Je croise Estelle et son copain qui sont allés jusqu’au bout et qui me vantent les louanges de leur guide Juancho, non mais pourquoi je suis pas tombée sur un mec comme ça moi! Bon je n’aurai pas plus réussi à cause de l’altitude mais avoir un super guide c’est quand même mieux que d’avoir un super connard pseudo guide. Tant pis!
Je redescends avec le reste du groupe vers le premier campement, la mort dans l’âme de ne pas avoir pu monter jusqu’en haut, et aussi l’envie de vomir qui ne va jamais me quitter j’ai l’impression.
Je rentre à La Paz et j’essaie de ne plus y penser, en vain. Je rumine ça tout le weekend, ça gonfle de plus en plus dans mon cerveau. Lundi matin, c’est décidé! Je retente le Hayna Potosi!!!
Après tout je suis encore dans les environs et j’ai le temps, alors autant foncer, c’est pas comme si j’allais revenir en Bolivie dans 2 mois!!
Je n’ai qu’une seule idée en tête, retrouver le super guide de Estelle, c’est exactement ce genre de mec qu’il me faut pour que j’arrive à monter ma carcasse la haut! Un mec dynamique, encourageant, sympas… Mais comment vais je faire pour le trouver??? Je ne me rappelle plus de son prénom car j’ai une mémoire de poisson rouge, et avec son accent bolivien je l’ai même pas compris… Son agence? Aucune idée, j’ai rien demandé à Estelle comme une méga truffe que je suis!
Donc je pars dans mes recherches avec 0 indice, et chercher un certain guide parmi la bonne centaine de guides qu’il y a à La Paz (et sûrement même beaucoup plus), c’est comme chercher une aiguille dans une motte de foin!!
Je ne me décourage pas pour autant, et je commence mes recherches sur google. Je tape « guide Huayna Potosi » et de fil en aiguille j’assiste devant mes yeux à un miracle de la technologie moderne: j’arrive à retrouver le guide en question, que je reconnais sur une photo mise sur un blog!!! Waooo vive internet!! Il s’apelle Juancho et il bosse à l’agence Altitud6000, qui a ses bureaux sur une des rues la plus commerçante de La Paz!! En deux secondes j’attrape mon sac et 20 minutes plus tard j’ arrive devant l’agence.
Et là qui je vois!? Juancho!!! Je lui saute dessus, je lui dis que je veux retenter le Huyana Potosi avec lui!! Il me reconnait, il est mort de rire et me traite de maso… Mais il est dispo pour l’aventure!! Rendez vous est pris pour le jeudi soir à l’agence pour l’essayage du matériel et pour le départ vendredi matin.
Cette fois-ci, foi de nini, je vais me hisser au sommet de cette satanée montagne, même si pour cela je dois ramper comme un verre de terre et même si je dois encore vomir mes tripes!!!
En attendant le départ je vais passer deux jours à Sorata, un petit village perdu au fin fond des Andes, c’était très sympa.
Jeudi soir retour à La Paz et essai du matos. Je ne serai pas seule dans l’ aventure et c’est tant mieux! Il y a avec moi Erik et Dario, deux potes qui bossent ensemble pour une compagnie de boisson énergisante finlandaise qui a des bureaux à La Paz.
Leur mission est de grimper tout en haut de la montagne et d’y brandir une banderole vantant les mérites de la marque. Ils vont aussi faire plein de photos pendant les trois jours, Du coup comme les deux mecs veulent faire le programme de trois jours, celui avec l’entrainement, Juancho (qui est aussi le patron de la boite) m’incorpore aussi dans ces trois jours mais ne me fait pas payer plus, vu que j’avais réservé pour le programme de deux jours seulement. Sympa! Avec nous il y a aussi Simon dit Tuti, il sera notre cuisinier et le guide pour les mecs.
Vendredi matin, départ pour l’aventure sous un soleil radieux. Ça s’ annonce plutôt bien!!
Enfin si on oublie mon ventre qui gargouille anormalement… Pas le gargouillement qui dit « j ai faim nourris moi ça fait cinq minutes que j’ai pas mangé », non, l’autre gargouillement qui n’annonce rien de bon… Allez c’est sûrement rien, comme si je pouvais me choper une intox alimentaire pour ma deuxième tentative d’ascension du Huayna Potosi!!! Et beh si!!!!!!
Je vais passer le premier jour enfermée dans le refuge, à vomir tripes et boyaux dans une bassine gentiment prêtée par le proprio du refuge et à faire des allers retours aux toilettes… bref je vous passe les détails scabreux!!! Entre deux fournées de vomi je me dis que j’ai vraiment pas de chance, que je ne vais jamais réussir à monter jusqu’en haut avec cette intoxication…
Arggh dire qu’à chaque fois je me dis qu’il faut que j’arrête de bouffer des trucs dans les bouibouis dans la rue, mais je craque à chaque fois, c’est tellement bon!! Et je peux même pas me dire que je vais aller mettre une bombe au bouiboui qui m’a rendu malade, je me suis arrêtée grignoter des saltenas chez plusieurs d’entre eux la veille!! Aarrgh bien fait pour moi!!!
Pendant que j’agonise les mecs font l’entrainement sur le glacier.
Le soir je rampe hors du duvet pour manger un peu de riz que Tuti m’a préparé. Apres deux ou trois autres séances vomi je me roule dans le duvet que Juancho m’a prêté. Il descend jusqu’à -18 degrés, ça va au moins cette nuit je n’aurai pas froid, c’est déjà ça!!
Je m’endors en voyant le sommet du Huayna s’éloigner de plus en plus, c’est plus que compromis avec l’état dans lequel je suis!!
Le lendemain lever à 7h30; le dieu du Huyana Potosi est finalement peut être avec moi, mon bide a l’air de s’être remis!! Plus envie de vomir, plus rien!! La chance va peut-être enfin tourner en ma faveur!!
Je descends prendre le petit dej, et là je tombe sur le cul: Tuti nous a préparé des pancakes!! Un véritable régal, je me dis que je devrais peut être y aller molo et mettre un peu mon bide au repos, mais ce dernier ne veut rien entendre et me force a manger cinq pancakes le vilain!!!
Puis nous nous mettons en route pour le camps de base, pour la deuxième fois pour moi, oui c’est sûr je suis complètement mazo. Cette fois ci j’utilise mon cerveau: je monte avec mes chaussures d’alpinisme aux pieds directement et non pas dans le sac comme la dernière fois, mes chaussures de rando restent en bas; je monte avec le pantalon de neige sur moi directement aussi, mon pantalon de rando reste en bas aussi. De plus Juancho me donne plein de conseils pour bien faire mon sac. Résultat celui-ci pèse bien moins lourd que pour la première fois!!
Bon j’en bave quand même mais beaucoup moins, et j’arrive même la première au camps de base! Les mecs arrivent après, épuises. Et oui les gars, je sais ce que c’est!!
Juancho va m’expliquer pourquoi lors de la première tentative j’ai échoué à cause du mal de l’altitude. En fait j’ai fait une grossière erreur en faisant le trek del Choro juste avant le Huyana Potosi. En effet avec ce trek je suis partie à 4750m d’altitude mais je suis arrivée à 1300m. Ce qui n’est rien du tout en matière d’altitude! Du coup mon corps s est déshabituée à l’altitude, et quand j’ai commencé l’ascension du Huyana juste après c’est comme si je n’étais pas restée en altitude avant, comme si je venais juste d’arriver! En fait pour bien habituer son corps il faut rester en altitude et ne pas redescendre en dessous de 2500m si possible.
Une fois au camps de base rebolote, on se repose, on mange à 17h et dodo à 18h. A minuit mon bon vieux et fidèle nokia 3310 me réveille. Il fait un froid de canard dans le dortoir mais bon je me motive pour m’habiller chaudement pour ne pas avoir froid pendant l’ascension.
Je descends prendre le petit dej, enfin c’est plus une collation à base de thé de feuille de coca. J’ai un peu la boule au ventre, je me pose plein de questions… bref la pression commence à monter!!
Du coup je n’ai pas faim du tout mais bon je me force à manger, il ne s’ agirait pas de redescendre à nouveau, cette fois-ci pour un mauvais malaise hypo!!! J’ai aussi mal à la tete, je me prends deux dolipranes en espérant que ça va passer!
Une fois tout le monde prêt, on chausse les crampons et on s’encorde. Je suis avec Erik et Juancho, Dario est avec Tuti. On fait une dernière photo, puis c’est parti!!
Dès les premières minutes je suis soulagée car je m’aperçois que je suis beaucoup moins essoufflée que lors de la première tentative. L’ascension ne va pas être plus facile pour autant! Mes jambes sont rapidement complètement tétanisées, la douleur ne s’en va que lorsque je fais des pauses. Et des pauses, on va en faire souvent!! Toutes les cinq minutes je demande à Juancho de s’arrêter. Heureusement celui-ci est très compréhensif et me dit qu’il n y a pas de problème, qu’on a largement le temps.
J’en bave vraiment mais mon compagnon de cordée Erik en bave encore plus que moi. Il a vraiment beaucoup de mal et tire beaucoup sur la corde, ce qui me fait faire deux fois plus d’efforts!
Le pauvre j’ai de la peine pour lui, je me revois galérer autant la semaine dernière. Dario lui se débrouille pas mal, du coup Juancho décide de changer les cordées. Dario passe avec Juancho et moi, et Erik va avec Tuti. Puis on reprend l’ascension, toujours au rythme des pauses où on grignote du chocolat et où on boit de la super boisson énergisante des boliviens. C’est un peu comme du red bull, et je dois dire que ça marche plutôt bien, à moins que ce soit psychologique!!
L’ascension va durer six longues heures, six heures de torture, où je me dis que je suis vraiment mazo et que je dois avoir un gros problème dans mon cerveau pour m’infliger un truc pareil. Certains passages sont encore plus abruptes que d’autres et malgré la nuit noire on voit que parfois le chemin ne fait que un mètre ou deux de large et que si on se rate on dévale des centaines de mètres de dénivellés.
J’essaie de ne pas y penser et je regarde où je mets les pieds. Puis au bout de plusieurs heures interminables Juancho nous annonce qu’on est bientôt arrivés, qu’on a plus qu’une vingtaines de minutes à grimper. Je lui demande si c’est bien la vérité, je le soupçonne fortement d’omettre volontairement une bonne demie heure supplémentaire pour nous encourager.
Puis tout va s’enchaîner très vite. On grimpe on grimpe puis soudain le chemin débouche sur le début d’une crête sortie de nul part! De l’autre côté de la crête je vois enfin tout l’autre côté de la cordillère. Au loin je peux même voir le sommet!!
On est donc au fameux endroit où beaucoup de personnes refusent d’ aller plus loin, et je comprends pourquoi!! Cette crête ne fais guère plus de un mètre de largeur à certains endroits, et de chaque côté il y a le vide, sur plusieurs centaines de mètres. Un seul faux pas et c’est le plongeon mortel.
Je prends mon courage à deux mains, de toute façon il est hors de question que je m’arrête ici, pour moi ça serai encore pire que l’échec à 5800m. Je me concentre un maximum, je ne regarde que mes pieds, la vue ça sera pour le sommet pour l’instant c’est vraiment trop technique pour avoir le nez en l’air.
Ma respiration est de plus en plus difficile,àa cette altitude l’oxygène se fait rare, du moins je ne suis pas habituée. Mon cœur doit battre à au moins 180…
On fait une dernière pause de quelques secondes, puis c’est la dernière ligne droite. J’avance, je ne m’arrête plus, les derniers mètres sont plus que pénibles…
Puis c’est l’arrivée, le sommet, enfin!!! Je me jette sur le sol gelé comme une loque, en essayant de reprendre mon souffle. Tous les efforts fournis, la pression, le stress, la vision magique du lever du soleil sur la cordillère royale auront raison de moi: je pleure comme une madeleine, trop d’émotions!! Juancho me félicite, Dario est lui aussi dans un état second…
Après quelques minutes à contempler le sol en essayant de retrouver mon souffle je parviens à m’asseoir et à contempler le paysage qui s’offre à moi. Et quel paysage!! Toute la cordillère royale est baignée par la couleur rose orange du lever de soleil; un véritable tapis de nuages enveloppe les montagnes. De l’autre côté on voit la Paz, gigantesque; il y a aussi le lac Titicaca, le volcan Sajama, au loin la forêt amazonienne, des dizaines de lacs… L’ombre du Huayna Potosi se projette tel un énorme triangle sur toute la région…
En haut il y a aussi un groupe d’allemands, on fait la photo tous ensemble. Il y a aussi de véritables dunes de neige, qui s’enroulent comme un cornet à glace… Bref le paysage est magnifique, magique. Je ne réalise pas vraiment que je suis à 6088m. Il commence aussi à faire très froid vu que l’on ne se réchauffe plus en marchant.
Après avoir passé environ une vingtaine de minutes au sommet nous prenons le chemin du retour. En effet le soleil s’est levé et il est très dangereux de passer sur la crête une fois le soleil levé, car sous l’effet de la chaleur la neige devient très instable, commence à fondre, etc… C’est pour cette raison que l’ascension se fait de nuit, la neige étant dure avec la température nocturne.
Le chemin sur la crête de jour est encore plus impressionnant et on mesure encore plus les risques encourus. Mais bon si on fait attention il n’ y a pas de raison que ça  se passe mal, surtout avec un super guide comme Juancho.
Pour rentrer au camps de base on va mettre 1h30, contre 6h pour l’ascension! Le soleil est complètement levé, et du coup on peut voir tout le chemin parcouru à l’aller dans l’obscurité. Et franchement, heureusement que l’ascension se fait de nuit car sinon il n’y aurai absolument pas moyen que je monte en voyant le chemin en question!! Que du dénivelé à perte de vue, peut-être quelques mètres de plat et de descente mais sinon 90 pourcent du chemin n’est qu’une dure, horrible et interminable montée… Je me demande vraiment comment j’ai été capable de faire un truc pareil!! Du coup pour rejoindre le camps de base il faut forcement tout descendre, et c’est là où je me bousille mon genou. Je me viande comme une grosse baleine juste avant d’arriver mais Juancho est là pour me remettre sur mes pattes. On arrive enfin au refuge à 9 heures; je me jette parterre complètement morte mais tellement heureuse!! Erik est là lui aussi, il a abandonné peu de temps après que l’on ai changé de corde. J’essaie de lui remonter le moral en lui disant que moi aussi j’ai échoué lors de la première tentative, et qu’il y arrivera comme moi à la deuxième! En plus en habitant à la Paz, il peut retenter l’ascension quand il veut.
On se repose 1h30 environ puis il faut faire son sac pour redescendre. Une fois de plus je me bat avec mon sac de couchage, j’ai tellement plus d’ énergie que je mets vingt bonnes minutes à le rouler!!
La descente se passe sans encombres, on croise pas mal de personnes qui vont elles aussi faire l’ascension, je me dis mais bande de malades rebroussez chemin tant qu’il en est encore temps lol puis je repense au sommet et je me dis vous faites bien d’y aller!!
Puis on prend le mini bus pour la Paz, je dis aurevoir à Juancho et Tuti qui on été formidables et sans qui je n’aurai pas pu aller jusqu’au bout je pense. Je dis aussi au revoir à Erik et Dario, deux boliviens supers sympas et marrants, deux comiques.
Puis je retrouve mon hôtel où je me rue sous une douche bien chaude et un lit bien confortable.
Je sens que je vais m’endormir dans cinq secondes, tellement fatiguée mais tellement heureuse de ce que je viens de vivre.
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Le glacier de l entrainement.

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J ai quand meme reussi a grimper 30cm lol

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Le groupe lors de la premiere tentative.

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C est parti pour le camps de base, devant le Huyana Potosi.

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Le camps de base, 5130m

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Le groupe juste avant l ascension.

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Juste avant que je jette l eponge.

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C est parti pour la 2eme tentative!! Non mais ce museau que j ai lool!!

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Dario, Erik, moi, Tuti et Juancho.

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Il est fou ceguide!!

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Sur le chemin du camp de base.

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Une Cholita porteuse, quel courage!!

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Il est temps de prendre quelques forces!

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A mon tour de faire un peu de pub!

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Dur dur de grimper avec ce gros sac!

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Au camps de base pour la 2eme fois.

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Avec Juancho, devant le Huyana Potosi.

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Avec Erik

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Ma tete est quelque part dans ce cafouilli.

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Dans le refuge.

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Rate le sommet est deriere mon bonnet!

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Une salade de pate a 5130m ca n a pas de prix! Merci Tuti!!

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Dans 2 seondes y a plus rien!!

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Deriere moi on voit le chemin vers le sommet.

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Il faut beaucoup boire!!

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Le dernier repas avant l ascension: de la truite! La derniere fois que j ai mange du poisson c etait en france!

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Coucher de soleil sur la Cordillere Royale.

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Dans le dortoir, impossible de dormir a cause de tout le the que j ai bu…

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Avant le depart, la pression monte…

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Ca va monter comme ca pendant 6h!

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Sur la fameuse crete!

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Je suis Juancho religieusement!

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Le sommet. 6088m!!!!!IMGP0718IMGP0752
Suberbe lever de soleil.IMGP0781IMGP0731
Une partie de la Cordillere Royale.

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Au loin le lac Titicaca.

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Dario et moi.

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Sur la crete au retour

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Faut pas tomber!!

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De retour au refuge

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La montagne que j ai escaladee! Il y a des anciennes mines.

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Le cimetiere des mineurs.

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Ces couleurs ne sont pas naturelles et proviennent des mineraux des mines.

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IMGP0803J etais tout en haut!

5 réflexions sur « Ascension du Huayna Potosi. »

  1. Salut ! Je suis tombée sur ton blog par hasard, et là je dois dire que cet article m'a scotché à mon écran ! Hyper intense ! Tu peux être vraiment fière de toi, ça devait être exceptionnel ! Et les photos sont splendides ! Repose toi bien et continue de nous faire voyager !

    Aude de http://www.unpeuplusloin.fr

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  2. salut
    je suis le pote a audrey de marseille, je pars aussi faire lle tour du monde ds 1 semaines, jai été happé par ton histoire et cette ascension que je pense vais tenter, merci pour ce récit, tu as un courage formidable de faire ca seule , gros repect vraiment !!!! SALUDOS
    Jérome

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  3. hello virginie,
    j'ai découvert moi aussi ton blog par hasard, il y a déjà un an, j'avais adoré tes récits de tes précédents voyages et tes photos magnifiques. je suis admirative de ton nouveau défi! et de cette magnifique ascension!! bravo pour tes commentaires et tes si belles photos. hâte de découvrir la suite de ton périple. te souhaite une bonne suite. isabelle

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  4. Salut Virginie,

    Permets-nous de t'écrire. Se balladant sur des blogs de voyages, nous désirions retrouver des personnes qui auraient, comme nous, participer à l'ascension du Huayna Potosi. Nous sommes un couple provenant de Haute-Savoie et la montagne est l'une de nos passions. Les voyages aussi!
    Nous venons de rentrer d'un voyage de 3 ans et c'est très plaisant de flâner sur des blogs où les expériences sont similaires mais différentes à la fois. Ton blog est très beau, continue car nous savons que c'est beaucoup de travail (www.thepatouilstrip.skyrock.com est notre blog Nlle Zélande/Australie).
    Nous t'écrivons car contrairement à toi nous n'avons pas eu la chance d'avoir de si jolies photos de l'ascension du Potosi et nous souhaiterions te demander l'envoie de quelques photos, essentiellement de la crête. Bien entendu si tu ne désires pas les partager ou les envoyer, nous comprendrions complètement et utiliserons ton blog pour les montrer à nos amis. Mais si tu avais l'envie et la possibilité de nous en envoyer quelques unes afin de se remémorer ce très difficile passage, nous en serions super heureux. Nous n'avons pas grand chose à t'offrir en retour à part du soutien dans ton voyage….et des infos si certaines de tes destinations futures font partie des notres. Hésite pas à nous contacter sur jennifer.pisteur@gmail.com
    Nous te remercions d'avance.
    Bonne route
    Jennifer & Yanick

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