Après San Augustin de la Valle Fertil et son parc de la Vallée de la Luna, je continue mon périple vers le nord de l’argentine.
Prochaine étape: Cafayate, une petite ville de 12000 habitants juste à coté de la Cordillère des Andes, blottie au milieu des vignes. Après une douzaine d’heures de voyage et trois différents bus je débarque enfin dans cette petite bourgade. Je suis agréablement surprise car c’est un gros village qui se démarque des autres que j’ai pu traverser jusqu’à présent car c’est beaucoup plus authentique, ça commence enfin à être comme l’Amérique du sud telle que l’on l’imagine.
Dans le bus j’ai rencontré Elizabeth, une américaine qui vient du Kansas et qui fait un break de neuf mois dans ses études de géologie.
Le but de la visite à Cafayate c’est en fait de parcourir la fabuleuse Quebrada de las Conchas, qui est classée au patrimoine de l’Unesco. Une quebrada en fait c’est un mélange de ravins, de gorges et de vallées très profondes au milieu desquelles coule généralement une rivière.
Le lendemain matin, c’est parti pour la visite de la Quebrada à vélo qu’on a loué à l’auberge de jeunesse avec Liz. Grave erreur mais nous y reviendrons plus tard.
On met les vélos dans le bus et on se fait déposer à 50km de Cafayate, l’ objectif étant de rentrer au village en parcourant la Quebrada, sur la ruta 68.
Dès la sortie du bus, on a le souffle coupé par la beauté du paysage. Il y a là des montagnes dont les couleurs s’étendent à toute la palette d un peintre même si l’ocre est la couleur dominante. Au milieu de ces collines marrons, oranges, vertes, roses coule une rivière dont l’eau est elle aussi marron, sans doute à cause de la terre ocre omniprésente. Il y a vraiment un patchwork de couleurs.
La Quebrada est sans doute un des sites les plus spectaculaires du nord ouest argentin. Elle est le fruit de la lente érosion de la roche par les lacs et les cascades qui ont lentement façonné la quebrada telle que l’on peut l’admirer aujourd’hui.
D’ailleurs Conchas ça veut dire coquilles, sans doute en référence aux coquillages qui étaient présents dans ce lieu il y a des millénaires grâce à l’eau…
Autant il y a 2 millions d’années la région n’était que lacs et rivières, autant de nos jours l’endroit est très aride, rocheux et presque désertique, si on met de côté la rivière Las conchas qui coule en son milieu. D’ailleurs cette rivière est entrée en crue il y a quelques années et a ravagé la route qui a été reconstruite et dérivée sur certaines de ses portions.
La quebrada est aussi parsemée de formations aux contours qui rappellent des objets ou des formes divers.
Les plus célèbres de ces formations façonnées par l’eau et le vent est la Garganta del Diablo, la gorge du diable, et l’anfiteatro qui sont des gouffres à flanc de montagne formés par d’anciennes cascades. Il y a aussi el sapo (le crapaud), el fraile (le moine), el obelisco, las ventanas (les fenêtres)…
C’est vraiment impressionnant car les rochers semblent littéralement ciselés à chaque détour de la route, comme si ils avaient été sculptés.
Avec Liz on se lance à l’assaut de cette petite merveille sur nos vélos.
La gorge du diable est très impressionnante, pour avoir un résultat pareil la cascade où je ne sais quoi devait vraiment être gigantesque, digne de Iguazu.
Je continue la route, j’arrive à un premier mirador où la vue est grandiose.
Puis…. c’est le drame!!!!! Et oui j’étais tranquillement en train de pédaler lorsque le truc où passe la chaîne de mon vélo fait un 180 degrés et vient se loger directement dans la roue.
Résultat: un véritable lancer de nain de jardin digne du guiness des records! Et oui, nini s’est retrouvée catapultée dans les airs, stoppée net dans son élan. Bon hormis quelques bleus et quelques grosses égratignures, pas trop de casse.
Heureusement que je n’étais pas en pleine descente, à fond la caisse! Je suis vraiment dégoûtée car ça faisait seulement 5 min que j’étais sur mon vélo, la traversée de la quebrada c’est 5h… Avec Liz on essai de réparer le vélo mais rien à faire. Je lui dis de m’abandonner ici, elle ne peut rien faire de plus pour moi, elle va pas rester avec moi ça sert à rien.
Le vélo est dans un piteux état, je n’ai pas d’autre choix que de rentrer à Cafayate. Je l’aurai bien fait à pied, mais 50km à pied en poussant un vélo sous 40 degrés ça l’aurai pas fait je pense que j’aurai fini sur le bitume en état de choc\déshydratation avancée.
Je me résous alors à faire quelque chose que je n’ai jamais fait de ma vie: du stop!! Je repère au loin un pick up qui arrive vers moi et je fais signe au chauffeur qui s’arrête dans un nuage de poussière. Je fais vite fait une petite prière pour ne pas tomber sur un serial killer tueur d’auto stoppeuse qui va m’achever au fin fond de la quebrada…
Bon apparemment je suis dans un bon jour, je tombe sur Rodrigo, un mec très sympa d’une quarantaine d’années qui travaille à Cafayate, dans une estencia, où il est chef d’équipe. On discute un peu, il me dit que j’ai beaucoup de chance de pouvoir autant voyager, lui il ne peut pas il n’a pas les moyens comme la très grande majorité des argentins, même s’il gagne bien sa vie.
Du coup je vois la quebrada depuis un 4/4, avec la clim s’il vous plait! Je passe devant toutes les formations qui sont vraiment spectaculaires, dommage que je ne puisse pas prendre de photos. Rodrigo m’a raccompagné juste devant l’auberge, c’est sympa.
Apres l’avoir remercié je rentre dans l’auberge avec mon pseudo vélo, en état de décomposition avancée couverte de bleus et d’un mélange de terre/poussière/transpiration/un peu de sang. Sympa quoi! Là je tombe sur la proprio qui me demande si j’ai passé un bon moment sur le vélo ce matin. Heuuuu c’est de l’humour espagnol c’est ça? J’ai l’air d’avoir passé un bon moment?? Je lui explique calmement la situation, en pensant naïvement qu’elle va me rembourser, vu que au bout de 5 min le vélo était mort. Et bien non!!!!!!!!!!!!!! Cette @!#$% »+ commence à monter sur ses grands chevaux, en me disant que c’est moi qui a cassé le vélo!!! Mais bien sur j’ai pris le truc là et je l’ai tordu en deux j’ai que ça à faire!!! On commence à s’énerver, le ton monte…
Mais cette sale @!#$% ne veut rien savoir , elle dit que le vélo marchait bien quand je suis sortie de l’auberge, et que donc c’était pas son problème, et que je devais m’estimer heureuse qu’elle ne me demande pas de payer les réparations. Non mais je rêve! Je suis obligée de lâcher l’ affaire quand elle commence à dire qu’elle va appeler la policia. Je suis en transe, je n’arrive pas à croire l’hypocrisie de cette femme qui préfère ne pas reconnaître qu’elle m’a refilé une merde et qui commence à me menacer plutôt que de me rembourser mon argent.
Je déteste ces gens malhonnêtes, je les hais tout simplement mais c’est pas grave un jour elle paiera sa méchanceté, tout ce paie un jour ou l’ autre dans la vie. Bref ça m’a bien gâché la journée mais c’est pas très grave, c’est qu’une histoire de vélo, il peut m’arriver des choses bien plus graves et je ne me suis pas trop fait mal.
La garganta del diablo