Teheran.

Ensuite je reprends ma route, direction Téhéran pour récupérer mon visa ouzbek, et faire celui pour le Turkménistan. Je prends un bus de nuit qui va durer 13 heures. Le soir on s’arrête à mi-chemin dans un resto d’autoroute iranien (très modeste, rien à voir avec les resto d’autoroute de chez nous). 
Je m’installe près du chauffage car il fait super froid. Et là les chauffeurs de mon bus me disent de venir manger avec eux ! C’était super bon, et bien sur les iraniens refusent mon argent lorsque je veux participer au repas. Encore un exemple qui montre que l’hospitalité en Iran n’est pas une légende !
Quand je sors du métro et que je débarque dans la rue, à Téhéran, ce qui me choque le plus c’est de voir… la couleur du ciel !! Quand à la circulation, elle est presque fluide et n’a rien à voir avec le chaos que j’ai vu presque trois semaines plus tôt. En fait lors de No Ruz la plupart des habitants de Téhéran prennent des vacances et rentrent dans leur famille restée au village ou dans d’autres villes d’Iran. Beaucoup d’iraniens voyagent à cette période et font du tourisme dans tout le pays. Du coup Téhéran se vide de ses habitants, de ses embouteillages, et de sa pollution !
A Téhéran je vais visiter le bazar, mais malheureusement celui-ci est en parti fermé car les bazaris sont rentrés chez eux pour No Ruz. Cependant une partie du bazar est quand même ouverte, et l’activité y est frénétique. Le lendemain je vais récupérer mon visa ouzbek et je fonce à l’ambassade turkmène pour essayer de me débarrasser de cette histoire de visa le plus vite possible. Pour cela je hèle une vielle voiture dans la rue qui n’est autre qu’un taxi partagé. Ils sont officieux, ils n’ont rien de marqué dessus mais ils sont beaucoup moins chers car il est partagé, c’est-à-dire que les gens montent et descendent quand ils veulent. Le contraire c’est un taxi dar baste, un taxi qu’on prend juste pour soi-même. On peut repérer ces voitures avec les occupants, quand on les voit dans la voiture on voit bien qu’ils n’ont pas l’air de se connaitre, donc ça doit être un taxi officieux. J’ai de la chance car au moment où je lui demande s’il connait la rue X pour l’ambassade turkmène on passe devant cette dernière ! Tout s’enchaîne super vite. Contrairement à ce que j’ai pu lire sur internet c’est pas du tout la folie dans cette ambassade, j’ai même pas attendu et ça m’a pris 5 min. Pour ceux que ça intéresse il faut la photocopie du passeport et du visa ouzbek (pas de photocopie couleur contrairement à ce que j’ai lu sur le net), une feuille où vous écrivez les dates exactes d’entrée et de sortie du Turkmenistan ainsi que la frontière choisie ( entre l’Iran et le Turkménistan on a le choix entre Saraks au sud ou Badijan un truc comme ça au nord, près d’Aghabat ; entre le Turkménistan et l’Ouzbékistan on a pas le choix, c’est le poste frontière près de turkmenabat) ; un imprimé à remplir qu’ils nous donnent sur place, une photo. Pas de lettre d’invitation, et une semaine plus tard on peut récupérer le visa à Mashhad avant de passer la frontière. Attention il faut bien calculer son coup car l’ambassade à Mashhad est fermée le vendredi et le dimanche. Ça serai balot de devoir faire une extension de visa iranien juste pour un jour car on n’a pas pu récupérer le visa turkmène à temps ! A savoir qu’on nous donne 5 jours de transit au Turkménistan.
Après m’être débarrassée de cette corvée je retrouve Christophe, le vitrollais d’origine que j’ai rencontré dans le dortoir, à Shiraz. Il est à Téhéran quelques jours, avant de rentrer chez lui. Il fait du coachsurfing, avec un host super sympa. Du coup je m’incruste et on se retrouve tous au métro Tajrish, au nord de Téhéran. Il y a donc l’host de Christophe, Behrang, comptable actuellement au chômage ; Fatima, informaticienne ; et Mirna, prof de musique. Les trois ont un peu moins de 30 ans. Les trois se sont rencontrés à l’ambassade de France où ils prennent des cours de français. Ils parlent super bien d’ailleurs ! On va au resto, et on commence à discuter. Bien sûr on discute du foulard, les filles me demandent si j’aime bien ça. LOL je leur dis non bien sûr, je n’aime pas du tout mais bon moi je ne suis en Iran que pour un mois, je n’ai pas à le porter toute ma vie. Elles détestent ce voile et me disent que c’est super contraignant, que c’est très difficile à vivre. Il n’y a pas que le voile d’ailleurs, c’est toute leur garde-robe qui est prise en otage par le pouvoir islamique. En plus du voile les femmes doivent avoir des habits amples, qui doivent cacher leurs formes. De long manteau ou des blouses qui ne doivent pas être serrées et arriver à mi-cuisse. Et gare aux contrevenantes ! En effet dans la rue il y a une police des mœurs qui sillonne les trottoirs de Téhéran à la recherche de femmes de « mauvaise moralité ». Cette police est soit en uniforme, soit en civil. Si une femme ne respecte pas le code vestimentaire imposé par la loi islamique, elle est embarquée dans un van, direction le commissariat. Là bas la nana est prise en photo, sous plusieurs angles comme les criminels, avec un numéro et tout. Elle doit signer une déclaration de moralité. Et elle doit attendre que sa famille vienne au commissariat la chercher, avec d’autres vêtements ! C’est arrivé une fois à Mirna, qui a dû appeler sa sœur. Si elle se fait arrêter une deuxième fois, c’est retour au commissariat avec cette fois ci une très forte amende à payer ! Ça fait vraiment froid dans le dos, quand une nana de 27 ans me dit que dès quelle voit une voiture de police elle a très peur de se faire arrêter de nouveau…
Les trois jeunes iraniens me disent qu’il y a quand même moyen de faire la fête à Téhéran. Ce sont des soirées privées qui ne s’ébruitent pas, ça reste du bouche à oreille dans les cercles d’amis. D’ailleurs les filles me montrent des photos de ces soirées, et effectivement c’est un autre monde ! Pas de foulards ou de vêtements amples à l’horizon, les filles ont toutes des mini jupes super moulantes, des débardeurs, des coiffures et du maquillage extravagants. Rien à voir avec les nanas qu’on croise dans la rue !
Elles me disent qu’il est aussi possible d’avoir un petit copain, même sans se marier. Mais par contre en public il est hors de question d’avoir le moindre geste d’affection ! Même dans les resto il est dangereux de passer un bras autour des épaules de sa dulcinée, car le patron risquerai d’appeler la police… Leurs parents sont assez cools et ne les pressent pas du tout pour se marier. Les trois sont musulmans de naissance certes mais ne sont absolument pas pratiquants. Christophe et moi invitons les trois iraniens pour le resto, mais ces derniers ne voulaient pas en entendre parler ! Nous insistons et ne nous leur laissons pas le choix. On sent que ces derniers sont super gênés du fait que c’est nous qui avons payé, car pour eux c’est super important d’inviter les étrangers et de payer pour tout. Ils vont nous remercier je ne sais pas combien de fois, comme si on leur avait offert un truc de folie. Encore un exemple de l’hospitalité et de la générosité des iraniens.
Ensuite on va se promener sur les hauteurs de teheran d’où on voit bien la ville tentaculaire. En plus aujourd’hui il n’y a pas de pollution et on voit très bien la ville, apparemment c’est très rare. On marchait tranquillement tout en discutant lorsque Mirna arrête de parler et vient se cacher derrière nous, un peu blême. Je lui demande ce qui se passe et elle me dit que la police des mœurs vient de passer dans un van, que j’ai bêtement pris pour une ambulance. Ils vont faire plusieurs allers retour sur la promenade, à la recherche de femmes qui aurai des vêtements ou un voile plus court, surtout lors de cette belle et chaude journée de printemps. Apparemment avec  les beaux jours qui arrivent les contrôles se multiplient. Fatima me dit que des hommes peuvent aussi se faire arrêter, il n’y a pas que des femmes. En effet les hommes ne peuvent pas porter des tee-shirts moulants, ainsi que des coiffures extravagantes, avec des spikes par exemple. On va terminer la soirée en fumant une chicha. 
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Une réflexion sur « Teheran. »

  1. Hey,
    Pour les prénoms tu n'as eu aucun mal à retenir le nom des garçons mais pas celui des filles filles;-)
    Elles s'appellent « Sepideh » (Mirna) et « Anita »(Fatima).

    Très belles photos 😉

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