Après Varanasi je reprends le train direction Kolkata, puis 24h de train pour arriver à Chennai dans le sud, puis Pondichéry pour récupérer mon nouveau passeport au consulat. Tout s’est bien passé pour en avoir un nouveau (l’autre arrive à saturation), une bonne chose de faite!
Je vais ensuite passer une dizaine de jours dans le Tamil Nadu, puis j’arrive dans le Kerala, où j’ai passé un peu plus d’un mois. Et le Kerala, j’ai vraiment adoré!
Entre les festivals de folie, des paysages à couper le souffle, des plages paradisiaques avec une eau hyper chaude (parfait pour une frileuse comme moi), des gens hyper gentils et une nourriture excellente, je ne savais plus où donner de la tête!
Ma première étape dans le Kerala a été Kannur, une grosse ville dans le nord de l’état. Ici rien à voir en particulier, sauf une chose extraordinaire: le theyyam.
Qu’est ce qu’un theyyam? C’est un rituel religieux, une danse sacrée où les dieux hindou viennent « posséder » le corps des danseurs du theyyam.
Pendant les trois jours que dure la cérémonie, ces derniers ne sont plus humains mais sont considérés comme des divinités à part entière. Chaque protagoniste perd son identité physique et parle, bouge et bénit les dévots comme s’il était un dieu. Ainsi possédés par l’esprit des divinités, ils vont danser et mimer des épisodes des livres sacrés hindous et s’entretenir avec la population qui vient leur demander conseil et obtenir leur bénédiction divine.
Attention ce n’est en aucun cas un simple spectacle de danse, il s’agit d’une cérémonie religieuse des plus sérieuses.
La cérémonie se déroule en général pendant 3 jours, en soirée.
Le dernier soir, le rituel dure toute la nuit jusqu’au matin.
Pendant 3 jours vont se succéder des personnages avec un maquillage extraordinaire et des costumes…. de plusieurs mètres de haut!
Ils vont danser frénétiquement, monter sur des échasses, se mettre en feu, décapiter un coq avec les dents (âmes sensibles s’abstenir!), se mettre en transe, marcher sur du charbon ardent… Le tout dans une extraordinaire ambiance de dévotion religieuse, rythmée par les tambours que les musiciens battent frénétiquement.
Les histoires qui sont dansées pendant le theyyam varient du conte de sorcières buveuses de sang aux mythes des serpents et autres divinités animales, en passant par les exploits des héros locaux et des ancêtres.
Il y a environ 450 theyyam différents, chacun avec un costume et maquillage distinct, bracelets, guirlandes, et surtout donc ces coiffes exubérantes, faites en bambou et en feuilles de palmier, et qui peuvent atteindre une dizaine de mètres de haut!
Pour pouvoir assister à ce rituel il faut donc se rendre dans la région de Kannur, entre octobre et avril.
Pendant cette période il y a des theyyam pratiquement tous les soirs, qui se tiennent généralement près des temples.
Pas la peine de prendre un guide ou quoi, il suffit de demander aux gens de l’hôtel de lire le journal car le programme des theyyam dans la région y est retranscrit. J’en ai vu deux différents, dans des villages facilement accessibles en bus depuis le centre de Kannur.
J’étais la seule touriste, et les indiens ont été adorables avec moi, comme d’habitude. Très curieux et très généreux. Pendant le theyyam le thé et les repas sont fournis. A savoir que les costumes de folie n’apparaissent que le deuxième soir, le premier soir les épisodes contés sont plus « calmes ».
Le fait d’assister à un theyyam était pour moi une expérience extraordinaire.
Surement un des épisodes que j’ai préféré lors de mon périple en inde, si ce n’est carrément de mon voyage.
A chaque fois qu’il y avait quelque chose de déjà hallucinant, je me disais non mais c’est pas possible ils peuvent pas faire plus fou que ça. Et beh si, 5 minutes plus tard il y avait un truc encore plus dingue.
Ces indiens sont vraiment hallucinants, ils ne s’arrêtent jamais, ils ont vraiment la folie des grandeurs!
Le dernier jour la déesse est très en colère et décapite un coq avec les dents…
Le dieu et la déesse traversent des charbons ardents.
Sacrifice de coq.
Villageois en transe qui traverse des charbons ardents.
Villageois en transe.
La deesse recoit les villageois qui viennent lui demander conseil et obtenir sa benediction.