Après le rituel du theyyam je continue la moisson des festivals au Kerala avec le Kollam Pooram. C’est un des festivals les plus colorés et les plus extraordinaires de cette région. Il s’agit pour les villageois de rendre hommage aux dieux et déesses hindous de leur temple.
Lors de cette journée les éléphants sont mis à l’honneur car les hindous pensent que les pachydermes sont l’incarnation de Ganesh, le dieu de la chance, de la connaissance, de la sagesse et de la prospérité.
En inde beaucoup de temples ont leur propre éléphant.
Celui-ci passe ses journées à « bénir » les fidèles en leur touchant la tête avec sa trompe (en échange d’une offrande of course), puisqu’il est considéré comme une incarnation de Ganesh, le dieu à tête d’éléphant.
Lors du Kollam pooram chaque temple de la ville envoie son éléphant rendre hommage à Vishnu, un autre dieu hindou, au temple principal.
C’est ainsi que le matin du festival on voit des dizaines d’éléphants marcher dans la rue avec leur mahout (cornac), direction le temple de Vishnu. Les éléphants sont richement décorés et ils portent des guirlandes de fleurs.
Sur leur dos des brahmanes ont pris place. Comme vous le savez surement la société indienne est divisée en quatre castes: les Brahmanes (le clergé, les prêtres), au dessous d’eux les Kshatriyas(l’armée, les guerriers), puis les Vaishyas (les marchands) et enfin les Shudras (les serviteurs, le reste de la population).
Les Intouchables ne figurent même pas dans ce système, ils sont hors castes car considérés comme étant totalement impurs et compagnie (je reviendrai sur le système des castes une prochaine fois).
Bref ce sont donc des Brahmanes qui vont sur le dos des éléphants et qui soutiennent les portraits des dieux de leur temple qui vont rendre hommage à Vishnu.
Une fois que les éléphants arrivent au temple ils en font le tour, dans la musique jouée fébrilement par le groupe dont chaque temple a loué les services pour le festival.
Au plus fort de la matinée ce ne sont pas moins de 30 éléphants qui vont se succéder dans le temple!
La foule est énorme, la ferveur des dévots aussi.
Après avoir fait le tour du temple chaque éléphant a droit à une douche. Après le bain, c’est l’heure du déjeuner. Tous les pachydermes vont pouvoir se régaler d’un plateau de fruits et autres gâteries. C’est qu’il faut les gâter tous ces Ganesh en puissance!
Après le déjeuner c’est l’heure de la sieste.
Puis vers 17h les choses sérieuses commencent.
Les trente éléphants sont divisés en deux équipes de quinze. Chaque groupe représente quinze temples différents mais qui se battent sous la bannière d’un temple principal.
Ensuite les deux groupes prennent place dans un immense champs, face à face, avec la foule au milieu.
Puis la bataille peut commencer! Bon quand je dis bataille, c’est un bien grand mot. Il ne s’agit en aucun cas d’une joute sortie du moyen âge, où les mahouts lancent les éléphants l’un contre l’autre avec une perche géante pour faire tomber l’adversaire.
En fait les deux groupes vont s’affronter… à coup d’ombrelles\parasols!
En effet, tandis que la musique bat son plein, les brahmanes vont déployer plusieurs dizaines d’ombrelles différentes sur le dos des éléphants.
Pourquoi des parasols? Dans la religion hindoue ces derniers sont un symbole de protection et de puissance. Ils font partis d’une liste de 8 objets qui sont des symboles auspicieux, de bons augures, les Ashtamangala.
Ces 8 symboles se retrouvent principalement dans l’hindouisme, le bouddhisme, le jainisme et le sikhisme. On retrouve ainsi la conque blanche (gros coquillage dans lequel on souffle, dans le bouddhisme elle représente la voix du bouddha et son enseignement), le nœud sans fin, le couple de poisson, le lotus, le parasol, l’urne au trésor, la roue et la bannière.
Bref le parasol est un symbole très important dans cette religion et on le retrouve souvent au dessus des portraits des dieux et des déesses.
Donc perchés sur leur éléphant, les brahmanes exécutent le rituel du kudamattam, où ils échangent ces grands parapluies colorés.
Les parasols sont fabriqués dans le plus grand secret et ne sont révélés que lors du rituel du kudamattam. Chaque temple dépense des milliers de roupies pour fabriquer ces parapluies. A la fin du rituel un jury décide laquelle des deux équipes a gagné, en fonction entre autre de la beauté et de l’originalité de ces parasols.
Un superbe feu d’artifice clôt les festivités.
Encore une fois j’en ai pris plein les yeux… ils sont fous ces indiens!!






