Après Uyuni je prends le bus pour Potosi, à 5h de route de là. Les paysages qui défilent sont vraiment hallucinants et surtout ils changent toutes les cinq minutes, il n’y a rien de semblable.
Tantôt il y a ces fameuses quebradas, j’en ai vu quelques unes dans le nord de l’argentine mais ici il y en a à tous les coins de route, et elles sont magnifiques. Tantôt il y a des gigantesques dunes de sable blanc qui se jettent sur des prairies vertes sur lesquelles paissent des centaines de lamas, de vaches et de moutons.
Puis on enchaîne avec des paysages de montagnes avec des sommets acérés, entre lesquels la route en lacet se faufile. Bref je sens que la Bolivie va beaucoup me plaire!
J’arrive enfin à Potosi en début d’après-midi. Potosi c’est une ancienne cité coloniale établie à 4090m d’altitude. Du coup c’est la ville de plus de 100000 habitants la plus haute du monde, elle bat même Lhassa au Tibet!!
Potosi est une des villes les plus belles de l’amérique du sud, et d’ailleurs elle a été inscrite au patrimoine mondial de l’Unesco en 1987. Au 16eme siècle la découverte d’une mine d’argent sur le Cerro Rico, une montagne sur les hauteurs de la ville va amener richesse et prospérité à la ville, jusqu’à en faire une cite aussi importante que Paris et Londres au 17eme! Plus tard les filons d’argents se sont épuisés; aujourd’hui la mine marche un peu au ralenti, on y trouve surtout de l’étain.
Potosi c’est aussi la première ville vraiment authentique que je vois en Amérique du sud. Les femmes sont habillées en costume traditionnel, avec les tresses, le chapeau… Il y a de superbes églises, on voit bien qu’ici beaucoup de Boliviens sont catholiques même si il y en a encore beaucoup qui refusent cette religion apportée par les espagnols conquistadors qui les ont massacrés.
Lundi matin direction une agence qui fait visiter la fameuse mine d’argent de Potosi. Car le clou de la visite de cette ville parait-il c’est bien cette visite! Moi ça me dit pas trop mais bon j’y vais quand même, je me dis que ça peut-être intéressant. Du coup j’ai booké le tour avec une agence qui est tenue par d’ anciens mineurs.
Le guide s’appelle Pedro, il est complètement foufou et très marrant. A l’ agence je retrouve aussi Sofi et d’autres personnes de l’excursion de trois jours dans le salar, le monde est petit! Je fais aussi connaissance de Christelle, une française qui passe trois semaines en Bolivie.
On commence la matinée par aller faire quelques courses dans un magasin prés de la mine pour amener des petits “cadeaux” aux mineurs. En effet il est d’usage de leur apporter un petit quelque chose, en contre partie de quoi ils tolèrent les visiteurs. C’est vrai que je sais pas comment je le prendrai si on venait m’observer et me prendre en photo pendant que je bosse!!
Ça va pas chercher très loin, les cadeaux en question sont des bouteilles de coca, du jus d orange et… de la dynamite avec un détonateur!! En effet les mineurs s’en servent pour faire les galeries dans la mine et sont très contents quand on en apporte.
Pedro nous fait une démonstration du fonctionnement et nous dis que Potosi est la seule ville en Bolivie où on peut librement acheter de la dynamite, dans les autres villes c’est pas possible la police débarque directement.
Il nous montre aussi la boisson du vendredi soir des mineurs, c’est de l’ alcool… à 96 degrés!! Ouioui 96 degrés, et ils s’enfilent ça tous les vendredi soir après le travail. J’essaie d’en boire une goutte mais c’est impossible je sais pas comment ils font pour boire ce truc infâme! Bon ok ça tue les microbes mais quand même!!
Après la dynamite, l’alcool à 96 degrés, direction un marché juste à coté pour acheter… des feuilles de coca! C’est de ces feuilles que est extraite la cocaïne. En Bolivie et au Pérou mâcher des feuilles de coca est une tradition ancestrale. Pedro nous explique que le fait de mâcher la feuille de coca va avoir pour conséquence une baisse de la fatigue, une regain d’énergie, une diminution de la faim… bref ça diminue tous les effets négatifs du dur travail dans la mine. Il nous dit que cependant ce n’est pas une addiction, qu’il mâche la coca que lorsqu’il descend dans la mine et que pendant ses jours de repos il ne ressent pas le besoin d’en prendre…
La feuille de coca est aussi connue pour aider l’organisme à mieux supporter les effets néfastes de l’altitude, et apparemment dans la mine on respire mieux avec une grosse boule de feuille de coca dans la bouche, ne me demandez pas quel est le mécanisme google répondra mieux que moi, je sais juste que la feuille de coca stimule l’appareil respiratoire.
Du coup Pedro nous dit qu’il faut qu’on mâche de la feuille de coca avant d’ entrer dans la mine. Je m’exécute, trop contente de pouvoir mâcher de la feuille de coca pour la première fois!! Il nous fait une démonstration, c’est un peu technique mais pas bien compliqué! En fait il faut laisser le truc central de la feuille, avec le reste on fait une grosse boule qu’il ne faut pas mâcher ni encore moins avaler mais qu’il faut mettre au fond de la joue et ensuite il faut avaler le jus.
Je me retrouve vite avec une joue qui a triplé de volume, attendant les effets comme une future droguée!! Bon beh j’ai rien senti du tout en fait, à peine un arrière goût. Et oui la concentration de cocaïne dans les feuilles et tellement minime que je ne risque pas de devenir une junkie de la coco!! Après les achats on se dirige vers la mine, où on nous donne des habits, un casque avec une lampe… Puis c’est parti pour la mine!
On commence la visite par une usine qui broie le métal apporté en camion puis qui sépare l’étain et l’argent avec plein de machines bizarres dans un énorme vacarme. Puis on rentre dans la mine. Alors là je ne sais pas si c’est psychologique mais j’étais très contente d’avoir mes feuilles de coca! A peine rentrée dans la mine ma respiration commence à être plus rapide, je cherche l’air qui me manque… Il fait très chaud, et il faut bien faire attention où on met les pieds et bien regarder la hauteur du plafond! Le moindre effort m’ épuise, j’ai l’air d’avoir couru un marathon alors que je n’ai fait que quelques mètres! Pour une fois je suis contente d’être un nain de jardin car le tunnel n’est pas très haut, au contraire parfois il faut que je rampe presque à genoux! Heureusement que j’ai un bon casque car je serai morte au moins cinq fois d’un traumatisme crânien!
On va marcher deux heures dans la mines, tout en croisant des groupes de mineurs en train de bosser. On se rend vite compte de la dureté et de la dangerosité de leur travail.
Pedro nous raconte un peu la vie d’un mineur. D’abord ils meurent assez jeunes, 55, 60 ans. La mine est organisée en coopérative, du coup les mineurs n’ont pas de salaires fixes, tout dépend de ce la quantité et de la qualité du métal qu’ils sortent de la mine. Il descendent dans la mine quand ils veulent et travaillent le nombre d’heures qu’ils veulent. Ils préfèrent travailler dans une coopérative où ils sont en quelques sorte leur propre patron plutôt que d’aller bosser dans une mine privée où certes les conditions de travail sont meilleures mais où ils sont sans cesse fliqués par les patrons et où il n’ont aucune liberté et des horaires fixes.
Après avoir passé deux heures dans la mine on est bien content de ressortir et de respirer l’air frais! Au final ce fut une matinée super inintéressante, je ne regrette pas d’y avoir été! Si vous vous plaignez de votre job venez faire un tour dans la mine de Potosi, après vous ne verrez plus les choses de la même manière!
La casa de la moneda.
Le marche central.
La section viande dans le marche central: il ne faut pas trop craindre les odeurs!
Demonstration de dynamite par Pedro.
Ils sont fous ces mineurs!!
L alcool a 96 degres des mineurs…
Je sais pas comment ils font pour boire ce truc!!
Les feuilles de coca au marche.
Oui c est sur ils sont vraiment fous!
Prete a aller dans la mine.
L usine de separation des metaux.
A la fin du processus on a de l argent.
Devant le Cerro Rico.
Demonstration de la technique de machage de coca.
Une vrai pro!!
L entree de la mine.
Dans la mine…
Il y a beaucoup de passage avec des echelles, des trous…
La statue protectrice des mineurs.