Jaisalmer, c’est une autre ville du Rajasthan, avec son fort, ses bazars, ses vaches sacrées, ses montagnes de détritus… et ses safaris à dos de dromadaire!
En effet Jaisalmer est située juste à côté du désert de Tahar, et l’attraction principale de la région c’est le camel safari. Et comme je ne suis jamais montée sur un dromadaire, je me lance! Je book une excursion de deux jours une nuit dans le désert de Tahar.
Avec moi il y a Ryan, un canadien qui est en internat de médecine; Broto, un propio de bar à Varsovie; Smith, un coréen pilote d’hélico dans l’ armée; Yoki et Suri, deux étudiants ingénieurs coréens.
Donc un bon petit groupe, assez hétéroclite, vous l’aurez compris!
Pour arriver sur le site d’où part l’excursion on fait quarante cinq minutes de jeep.
On s’éloigne du fort de Jaisalmer qui est vraiment magnifique et qui correspond bien à l’image qu’on peut se faire du Rajasthan des milles et une nuits. Ses remparts couleur or surplombent le reste de la ville tel un mirage au milieu du désert.
A bord de notre jeep lancée à toute allure nous doublons des attelages de marchandises tirés par des dromadaires où des vaches avec une énorme bosse sur le dos; des troupeaux de chèvres qui bloquent la circulation…
Puis on arrive à un endroit où nos dromadaires nous attendent patiemment.
On nous attribue à chacun un dromadaire. Pour moi, ça sera Victoria! Contrairement à ce qu’on pourrait penser c’est un mâle. Bizarre quand même ils auraient pu lui trouver un nom de mec! Arf parfois en Inde il ne vaut mieux pas chercher à comprendre!
Après avoir préparé les dromadaires, le départ est lancé!
Il s’agit désormais de grimper sur ces bébettes de plusieurs mètres de haut. Et je peux vous assurer que pour un nain de jardin comme moi, ce n’ est pas une mince affaire! Bon ok quand on monte dessus ils sont allongés parterre mais quand même pour moi ça représente un sacré obstacle sur lequel monter.
Je me jette comme une dératée sur Victoria en espérant qu’il ne se lève pas en même temps. J’arrive tant bien que mal à grimper sur la selle et à m’installer. Ouf ça c’est fait! Puis sans prévenir le camel man fait lever Victoria. Comme je ne m’y attendais pas je manque de peu de me viander la tête la première dans le sable, dix mètres plus bas. Bon ok j’exagère un peu mais pour un nain de jardin c’est très impressionnant de la haut!
Cette fois-ci c’est parti! Je suis agréablement surprise, on m’avait dit que monter sur un dromadaire c’était très inconfortable voir douloureux mais il n’en est rien… pendant les dix premières minutes!!
Une fois ce laps de temps écoulé je commence à avoir des contractures et autres mini crampes… Arrghhh mais comment je vais faire pour rester sur ce truc pendant deux jours?! Je ne sais plus comment me mettre sur la selle, j’essaie de changer de position mais bon les possibilités sont quand même assez restreintes vu l’espace qu’il y a là haut! Et puis je crois que Victoria ne m’aime pas trop, je le sens un peu nerveux ou de mauvais poils, peut-être que je gigote trop?!
Bon toujours est-il que j’oublie vite tout ça, car les paysages sont superbes.
On est pas du tout dans un désert type Sahara, avec que de dunes à perte de vue, mais je m’y attendais. Non c’est plus un endroit super sec et aride, avec des minuscules villages plantés ici et là, où l’on peut observer les scènes de vie des habitants et leurs activités quotidiennes.
Il y a aussi des dizaines d’immenses éoliennes dont les hélices tournent au grès du vent.
Vers midi on fait la pause déjeuner. Ouuuf je suis pas mécontente de descendre de mon perchoir! Aie aie aie j’ai mal de partout, on dirai que j’ ai fait une séance de muscu qui aurai duré des heures!!
Les camel men font un feu et nous préparent un thali, cette grande assiette avec du riz et plusieurs sauces à base de lentilles, poids chiches, pommes de terre et des chapatis, une espèce de pain en forme de galette.
Après une bonne sieste nous reprenons la route. En effet entre midi et deux il fait bien trop chaud pour faire du dromadaire!
Je demande au camel man si je peux piloter mon dromadaire. En effet depuis le matin on est attachés à la queue leu leu dromadaire à dromadaire et devant c’est le camel man qui menait le premier dromadaire. Donc bon c’est pas tres fun! Du coup il est ok pour qu’on pilote nous même, de toute façon vu mon insistance il n’avait pas le choix!
Je me retrouve donc avec les rênes de Victoria dans les mains… C’est super mais il est un peu têtu et n’en fait qu’à sa tête, il ne va pas du tout dans la direction que je lui indique avec les rênes. Bon tant pis, il a l’air de savoir où il va, et puis on se suis tous plus ou moins.
Puis en fin d’après midi on s’arrête à un endroit vraiment magnifique, peuplé de dunes à perte de vue. Ça y est, on y est au Sahara! Les camels men installent le campement pendant que nous partons à l’assaut des dunes. Que du sable, à perte de vue…
J’essaie de guetter des petits animaux qui sortirait du sable mais il n’y a rien. Apparemment il y a quelques années un touriste s’est fait mordre par un serpent mais ce con l’a bien cherché, il voulait se donner un peu en spectacle car monsieur était australien et en australie il attrapait les serpents comme ça… Sauf que les serpents indiens sont apparemment plus coriaces et quand il a mis sa main dans un terrier, il s’est fait mordre. Résultat une semaine d’hôpital… Faut vraiment pas être malin! Bon bref j’essaie de guetter quelque chose mais pas de serpent ou de scorpion ou de super mygales à l’horizon…Tant pis! Par contre j’assiste à un superbe coucher de soleil sur les dunes. Il règne un silence quasi religieux, je suis toute seule, plantée au milieu de nulle part sur d’immenses dunes couleur ocre… Un moment parmi tant d’autre pendant mon voyage où je me dit que j’ai une chance énorme…
Plus tard on refait le monde avec le groupe avec les bières qu’on a acheté le matin même. Bon elles sont un peu chaudes mais c’est pas grave ça passe bien! Le rat d’égout de marchand d’alcool voulait nous les vendre a 150 roupies, ce qui est énorme… Après une après négociation j’ai réussi à les avoir pour 90, ce qui est encore beaucoup mais bon… Les mecs m’ont félicité pour mes talents de négociatrice… Et oui, ça fait un an que je fais ça, alors je commence à maîtriser lol. Fini la timidité, bien souvent les marchands capitulent face à ma ténacité! Moi aussi je peux faire le rat d’ égout quand je veux!
Puis direction le dodo, après cette journée intense où je n’ai rien foutu mais où j’ai l’impression d’avoir couru trois marathons d’affilée je me blottis dans les deux couvertures qui font office de lit. Il fait très froid mais j’ai prévu le coup, j’ai trois polaires sur moi, plus ma veste, mon bonnet, deux écharpes, deux pantalons… Je m’endors repue de ma journée, sous les centaines d’étoiles et le son des hélices des éoliennes qui fendent l’air…