Je continue le stop pour me rendre au monastère de Thiksey.
Cette fois-ci c’est un jeune couple du Bangladesh qui me prend en stop, ils sont adorables. Elle est dentiste, il est banquier. Je me dis qu’ils sont sans doute issus de très riches familles qui ont pu leur offrir une très bonne éducation, ce qui contraste avec toute l’extrême pauvreté que j’ai rencontrée lorsque je suis allée dans ce pays. Ils me laissent en bas du monastère, devant l’hôtel du coin. Malheureusement toutes les chambres les moins chères sont déjà prises, il ne reste que celles qui sont hors de prix, et c’est juste impossible pour mon modeste budget journalier qu’il faut que j’évite de dépasser si je veux durer un peu dans ce voyage. Dernière solution: monter au monastère qui a un hôtel avec des chambres bon marché, d’apres le lonely planet. Je prends donc la direction du monastère en passant par un petit chemin qui serpente le long d’une colline au sommet duquel trône le monastère.
Ça grimpe dur, c’est pas facile avec mes 20 kg sur le dos en plus il fait 45 degrés, et c’est en nain de jardin agonisant que j’arrive enfin au monastère. A l’hôtel je demande une chambre et ô miracle il y en a une, je m’en sors pour pas trop cher après négociation bien sûr. Après m’être posée je pars visiter le monastère. Ce dernier est magnifique, surtout la vue depuis le toit. En fait on a l’impression que l’horizon semble avoir été partagé en deux: d’un côté un désert complet et de l’autre côté de la route une oasis avec une multitude d’arbres et de champs. Le soir au resto de l’hôtel je me prends une tentuk, c’est une soupe tibétaine avec des espèces de larges pâtes, des légumes et du fromage râpé. Un vrai délice, j’adore la nourriture tibétaine (comme les momos).
Il faut savoir que tout le nord de l’inde est bercé par la culture tibétaine. Dans le ladakh les gens ne parle pas hindi mais tibétain. La religion dominante ici n’est pas l’hindouisme (bien qu’il y ai des communautés hindouistes et musulmanes) mais bien bouddhiste, comme au Tibet. En fait on se croirait vraiment au Tibet (bien que je n’y suis pas encore allée), un peu comme au népal. Pourquoi? Le Tibet est très proche de l’inde, et puis il y a une raison historique. En 1950 les troupes chinoises envahirent le Tibet, état indépendant dirigé par le Dalai Lama. En 1951 la capitale, Lhassa, tombe aux mains des chinois. En 1959 les chinois, après des années de sanglante répression de la résistance, tire sur la résidence d’été du Dalai Lama. Craignant pour sa vie et sa liberté, ce dernier se réfugié en inde, après avoir traversé clandestinement l’Himalaya. Il est suivit par de très nombreux tibétains. L’inde lui accorda l’asile politique, et chaque année plusieurs milliers de tibetain tentent la périlleuse traversée de l’Himalaya pour se réfugier en inde, pour fuir les exactions dont ils sont encore victimes de nos jours.
Enfin voilà je n’y connais pas grand chose mais je pense que c’est une des raisons pour laquelle le nord est autant baigné par la culture tibétaine. Le lendemain matin je me lève très tôt pour assister à la puja du monastère. La puja c’est la prière quotidienne des bonzes. Ils se rassemblent plusieurs fois par jour pour prier et faire des offrandes au bouddha. C’est vraiment un moment magique et hors du temps. Tous les moines du monastères sont réunis dans cette grande salle où règne l’odeur de l’ encens. Le plus jeune des moines a peut-être 4 ans, et je ne saurai donner un âge au plus vieux. Quand ils arrivent dans la salle à prière ils se prosternent trois fois devant les statues de leurs dieux. Puis ils s’assoient sur une banquette, devant leur mini bureau où est posé leur livre sacré. Puis ils commencent à dire leurs prières à haute voix; de temps en temps ils arrêtent de parler et le relais est passé aux instruments de musique, des espèces de trompettes et de tambours.
Cette atmosphère est très reposante, paisible. Je me laisse aller et j’ arrive à vider mon cerveau quelques instants, à ne plus penser à rien, à rentrer dans une espèce de paix intérieur bercée par le chant des bonzes devenu lointain. Malheureusement je n’arrive jamais à tenir très longtemps, et très vite je repense à des choses sans aucun rapport, qui vienne polluer mon cerveau à un moment où je voudrai qu’il soit vide. C’ est là où je me dis que je devrai faire du yoga ou un truc dans ce genre, pour vider ce satané cerveau qui est toujours en train de cogiter comme un malade.
La seule chose qui vient gâcher ce moment: la présence de nombreux touristes (dont je fais parti) qui prennent des photos en rafale des moines, plus particulièrement des enfants. Ils sont japonais, allemands, avec leur gros sacs et leurs énormes appareils photos d’où sortent des objectifs qui pourrai prendre une photo de mars. Il ne sont pas du tout discrets, se mettent à moins d’un mètre des moines et appuient frénétiquement sur le déclencheur.
C’est un spectacle déchirant. Les moines sont clairement gênés par ce comportement, surtout les enfants qui se cachent sous leur toge rouge pour échapper aux objectifs. Les touristes n’ont aucune gêne
, ils s’assoient n’importe où dans la salle, en plein milieu du couloir alors qu’il y a un endroit spécialement pour nous. Les enfants qui distribuent le thé aux autres moines doivent slalomer entre les objectifs… Bref c’est vraiment triste.
Après je ne ne vaut pas forcement mieux qu’eux. Le spectacle est magnifique et franchement ça me rendrai malade de ne pas prendre de photos pour les mettre sur le blog. Mais je pense être plus discrète que tous ces asiatiques, je prends quelques photos en vitesse et je range vite mon appareil, et surtout je n’insiste pas quand je vois bien qu’un moine n’ a pas envie que je le prenne en photo.
C’est comme à la fin de la puja, un connard de touriste japonais a pris plein de photo de Nawan, le plus jeune moine du monastère qui doit avoir 3-4 ans. Le petit ne supporte pas les photos et criait no picture no picture! Et bien ce connard de touriste n’en avait que faire et a continué a lui flashouiller la tête. Aujourd’hui quand je repense à cette scène je m’ en veux, j’aurai du intervenir et envoyer chier ce mec qui n’avait aucun respect pour ce gamin…
Je partage ton avis par rapport à l'épisode des touristes qui photographient de façon frénétique sans le moindre respect des gens ni du droit à l'image des personnes. Je pense que c'est tout simplement un manque d'humilité… C'est déjà arrivé lors d'un de mes séjours (pas là mais ailleurs) et ça m'avait énervé lol Je peux dire qu'il y a plein de photos que je n'ai pas prises mais je ne regrette pas même s'il est vrai qu'on a envie de partagé ces moments. Ce seront seulement des moments éphémères gravés dans la mémoire et c'est déjà bien.
J'ai enfin bientôt fini de lire tout ton blog ! Je suis fan lol ! Bonne continuation et fais attention à toi surtout. Emmanuelle
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