Pour finir mon périple malgache je vais faire un mini trek de deux jours en pays zafimaniry.Les Zafimaniry sont un peuple de mada occupant la partie sud des terres centrales de l’île. Ils sont très connus pour être de grands sculpteurs de bois. D’ailleurs leurs maisons sont de véritables chefs d’oeuvre et recèlent de motifs sculptés dans le bois, motifs qui ont pour chacun une signification particulière.
Video du taxi brousse plein a craquer.
Par exemple la toile d’araignée (tanamparoratra) représente les liens familiaux.
Hormis les volets et les portes finement sculptés, les maisons des zafimanary sont assemblées… sans un seul clou!
Ces villages sont dispersés ça et là dans la montagne, perdus au milieu des rizières.
Le premier jour nous partons avec mon guide Bruno; la météo est assez maussade mais c’est pas très grave ça nous permet de marcher à la fraîche, d’autant plus que ça grimpe un peu!
Dès le départ nous sommes dépassés par des villageois chargés comme des mules.
En effet c’est jour de marché, et tous les villageois des alentours descendent au village principal pour faire des provisions pour la semaine à venir. Le petit hic c’est que ces villages ne sont accessibles qu’à pied, après de longues heures de marche.
Le spectacle est déroutant: les femmes marchent pieds nus, avec un monticule de provision en équilibre sur leur tête, un sac à dos autant rempli, un bébé dans les bras, et c’est parti pour plusieurs heures de marche comme ça. Moi je commence déjà à cracher mes poumons, mais elles, elles me dépassent avec leurs provisions sur les épaules, en acceptant leur fardeau sans broncher parce que c’est leur quotidien, leur destin, que c’est comme ça… Une fois de plus je me dis que j’ai bien de la chance d’être française et de ne pas avoir une vie pareille… Je ne tiendrai pas 5 minutes comme ça! Même les petites filles mettent la main à la pâte, de toute façon la plupart des membres du village descendent au marché, hommes et femmes, afin de ramener les denrées nécessaires à tous le village pendant une semaine.
Nous traversons les villages, accueillis à chaque fois par une ribambelle d’enfants riants qui nous suivent en riant. Ils ont toutes sortes de jeux et s’amusent avec trois fois rien. Bruno me dit qu’ici, le virus n’est pas encore arrivé. Le virus c’est internet, la télévision, les jeux vidéos, les téléphones portables… Les villageois n’ont l’électricité que quelques heures par jour, grâce à des générateurs.
Lorsque nous traversons les villages le fait qu’il y a une vaza qui visite se répand comme une traînée de poudre, et comme par hasard sur mon chemin je vois des villageois qui fabriquent des objets qu’ils veulent me vendre. Mon guide me fait comprendre que les villageois lui mettent la pression pour que j’achète quelque chose mais moi je n’ai pas envie de céder. Un peu marre d’être un portefeuille sur patte, même si je sais qu’à leur place je ferai la même chose.
Puis nous arrivons au dernier village, là où nous allons dormir. L’accueil est un peu mitigé, certains villageois sont accueillants d’autres un petit peu hostiles, comme ce que j’ai ressenti dans l’ensemble dans le reste du pays. Mais bon moi aussi si j’étais super pauvre avec une vie très très dure, peut être que je n’aimerai pas les blancs qui représentent tout ce que la grande majorité des malgaches ne pourra jamais avoir…
Nous logeons chez une vieille dame très gentille. Bruno me fait chauffer un seau d’eau et je vais me laver dans une petite cabane en bois. Après on va faire un tour dans le village, Bruno va faire de la vaisselle à la fontaine et toutes les personnes qui se lavent (habillés) à ce moment là empruntent le savon de Bruno pour se savonner. Ce qui est marrant c’est que personne ne se rince après s’être savonné, pour que les effets du savon durent plus longtemps me dit Bruno.
Après vient l’heure du repas, Bruno en a fait pour un régiment. En mangeant j’essaie de ne pas penser à la viande qu’il a acheté au marché du village le matin même, avec les mouches qui volaient pas loin, les chiens qui reniflaient la viande de pas très loin non plus, de l’espèce d’étalage à l’air libre qui n’avait pas été lavé à l’eau (pas très propre elle non plus) depuis belle lurette…
Et oui les conditions d’hygiène à mada sont les pires que j’ai jamais vu, même par rapport au Bangladesh ou à l’Inde… Bref si vous êtes trop sensibles de l’estomac ne venez pas à mada! Bon même moi après tout ce que j’en ai bavé en inde et compagnie j’ai bien été malade, et même le lendemain de ce repas qui était pourtant super bon…
Et oui les conditions d’hygiène à mada sont les pires que j’ai jamais vu, même par rapport au Bangladesh ou à l’Inde… Bref si vous êtes trop sensibles de l’estomac ne venez pas à mada! Bon même moi après tout ce que j’en ai bavé en inde et compagnie j’ai bien été malade, et même le lendemain de ce repas qui était pourtant super bon…
Le lendemain matin nous visitons le village, avec son architecture bien particulière. Bruno m’explique la signification des motifs géométriques, mais franchement avec ma mémoire de poisson rouge impossible de vous raconter tout ça.
Il me dit que les zafimaniry rencontrent un grave problème de déforestation. En effet entre le bois nécessaire à la construction de leurs maisons, celui pour se chauffer etc… toutes les forêts des alentours ont disparues.
Le culte des anciens est omni présent dans le quotidien des villageois. Dans une maison, il y a un coin qui leur est réservé, avec des offrandes (nourriture, cigarette). Et d’une manière générale tout au long du chemin pour arriver jusqu’ici il y a plein de fady (interdis) destinés à ne pas heurter les anciens. Comme par exemple ne pas marcher sur l’ombre d’un monument qui leur est destiné. Les autres idem je ne m’en rappelle plus!
Après la visite Bruno m’emmène rencontrer le chef du village. C’est un vieil homme très gentil et très accueillant. Nous discutons un peu, je lui pose quelques questions, il est ravi de raconter un peu sa vie, le fonctionnement du village.
C’est l’homme le plus âgé du village, il a 85 ans, il est marié avec 10 enfants. Il est très fier de sa maison qui est dans sa famille depuis plusieurs générations, sans un seul clou. A savoir que cette façon de construire des maisons sans un clou se perd car les maisons les plus récentes en ont.
C’est l’homme le plus âgé du village, il a 85 ans, il est marié avec 10 enfants. Il est très fier de sa maison qui est dans sa famille depuis plusieurs générations, sans un seul clou. A savoir que cette façon de construire des maisons sans un clou se perd car les maisons les plus récentes en ont.
Dans une maison zafimaniry il y a donc un coin pour les anciens, un coin pour dormir, un coin pour faire la cuisine et un coin pour ranger tous les ustensiles pour faire le ménage etc…
A savoir que beaucoup de zafimaniry ont des problèmes de respiration car quand ils cuisinent l’épaisse fumée qui se dégage reste dans la maison et il devient très difficile d’y respirer. Moi j’ai du rester la tête à moitié dehors par la fenêtre tellement c’était insupportable, alors que eux non, ils restent et respirent ça à longueur de journée.
Voilou, après avoir discuté un moment je prends congé de mon hôte, en ayant pris soin de faire une petite donation qui est d’usage pour les touristes lorsque l’on visite le village.
Nous amorçons lentement la remontée vers le village principal, très lentement même car ça grimpe à 90 degrés, ce qui n’empêche pas des villageois chargés comme des mules de me dépasser comme s’ils marchaient sur du plat, comme d’ab quoi!
La viande du marche.
Au loin le village principal.
Les femmes et fillettes zafimaniry portent toutes le chapeau propre a leur villages.
Pierres dressees en hommage aux ancetres (tsangambato). Les plus grandes pierres representent les anciens, les moyennes representent les adultes, les petite representent les enfants. Il est fady de marcher sur l’ombre de ces pierres.
Un cameleon!
Villageoises qui rentrent chez elles apres avoir fait le marche.
Cultures sur brulis.
Pour cultiver le riz en gros il y a plusieurs étapes: -une partie du riz de la récolte de l’année précédente est plantée « en vrac » dans une rizière. (cf photo). – la parcelle qui va accueillir la récolte est nettoyée, chaque mauvaise herbe est enlevée, la terre est labourée -quand le riz a un peu poussé les villageois déterrent la plante et la reterre dans la vraie rizière, en ordre (en rangée etc). On change de parcelle car le riz ne peut pas bien pousser s’il est mis en vrac, un peu comme des arbres que l’on planterai au même endroit à 10 cm de séparation. En en sens inverse il ne pousse pas bien non plus si on ne fait qu’une seule étape. Le riz met plusieurs mois à pousser. -puis vient le temps de la récolte, pour les incultes dont je fais partie les grains de riz se trouvent non pas dans l’eau prés de la racine comme je pensais mais bien dehors au bout de la plante, un peu comme des épis de blé quoi! Bon je sais je suis vraiment une inculte mais je suis sure qu’il y a d’autres personnes qui pensaient comme moi! Avouez!
Totem pour les anciens.
Grenier a grains.
Il y a une espece de roue entre le grenier et les pilotis pour empecher les rats de grimper.
Les rizieres pres du dernier village.
La vielle dame chez qui on a dormi.
Le chef du village dans sa maison (photo super sombre il n’y avait pas de lumiere!)
La cuisine dans la maison, on ne le voit pas sur la photo mais une epaisse fumee rend l’atmosphere irrespirable!
La douche.
Le chef du village.
La technique de construction de la maison, les planches s’emboitent, pas besoin de clous.
Volet sculpte, chaque motif a une signification.
Bruno qui m’explique la signification des motifs.
Le taxi brousse bonde entre le village principal zafimaniry et la route principale.
Video du chef du village.
Video du taxi brousse plein a craquer.