Lors de mon séjour au Kerala j’ai découvert plusieurs techniques de pêche pour le moins originales.
La première technique est la plus spectaculaire. Il s’agit des filets de pêche chinois qui sont localisés à Fort Cochin.
Ce sont d’immenses structures faites en bambou et en teck, qui sont construites sur la berge ou bien même au beau milieu d’un lac et qui fonctionnent comme un système de balancier.
Un gigantesque filet, qui peut atteindre vingt mètres, est tendu entre les perches en bambou du mécanisme. Le tout est relié à plusieurs cordes où sont accrochées d’énormes pierres.
Pour plonger le filet dans l’eau il faut relâcher les cordes; après avoir attendu quelques minutes les éventuels poissons les pêcheurs tirent ensuite sur les cordes afin de remonter le filet. Il ne faut pas moins de cinq hommes pour cela, car la structure est très lourde.
Ces filets de pêche ressemblent à des hamacs géants, et la structure entière atteint en général une dizaine de mètres de hauteur!
Cette technique de pêche a été introduite à Kochi par les portugais de Macau, qui étaient autrefois une colonie portugaise. D’autres sources mentionnent que les filets ont été construits entre 1350 et 1450 par un explorateur chinois, Zhang He.
Malheureusement cette technique de pêche tend à disparaître car l’entretient de la structure coûte beaucoup d’argent et de plus elle ne permet pas d’attraper beaucoup de poissons, elle n’est pas du tout rentable et poussent les pêcheurs à chercher d’autres alternatives.
Par exemple des nouveaux filets coûtent plusieurs milliers d’euros, ce qui est une somme complètement folle pour les pécheurs. Bien que les filets chinois soient un des symboles du Kerala et soient devenus très touristiques, le gouvernement n’aide pas les pêcheurs. Ces derniers ne gagnent pratiquement pas d’argent avec cette technique car ils attrapent seulement quelques poissons et quelques crustacés, qu’ils vendent directement sur la rue qui borde les filets.
Certaines structures étaient tellement en mauvais état qu’elles se sont écroulées, blessant ou même tuant des pêcheurs qui n’ont aucune protection sociale.
Aucune compagnie d’assurance ou banque n’acceptent de les aider. En conséquence de quoi ils sont forcés de contracter des prêts avec des taux d’intérêts de folie à des prêteurs peu scrupuleux. Ils s’endettent sur de très longues périodes rien que pour pouvoir remplacer les filets.
Donc après plus de 500 ans d’existence ces filets de pêche chinois disparaissent progressivement des côtes du Kerala.
Il y a dix ans il y avait plus de trente filets chinois à Fort Cochin et Vypeen Island, en face. Aujourd’hui il y en a moins de 20, plus que 11 à Fort Cochin et leur disparition s’accélère.
Dernièrement en l’espace de quelques mois certains filets sont devenus complètement inutilisables car les énormes navires qui circulent 24h sur 24 dans le bras de mer à quelques dizaines de mètres des structures refoulent une immense quantité de sable sur les berges à chacun de leur passage.
Résultat, il y a une espèce de boue qui s’est progressivement formée, rendant impossible l’utilisation des filets chinois.
Début mars 2015 le filet le plus près de la plage a été mis hors service. Trois de plus ce sont enfoncés dans la boue le mois suivant. Et le reste des filets ont une épée de Damoclès au dessus de leur tête…
La situation s’empire de jour en jour et laissent les propriétaires, les employés et leurs familles inquiets quant à leur repas quotidiens…
Une des solutions serai d’enlever tout le sable accumulé autour des filets et de construire ensuite une espèce de mini digue pour empêcher dans le future une nouvelle accumulation de la boue.
La deuxième technique que j’ai vue c’était plus au sud, sur la plage de Kovalam, un petit village de pêcheurs.
Tous les matins à l’aube les pêcheurs déplient un immense filet dans la mer. Mais vraiment immense, peut être dans les 200m.
Ils laissent mijoter tout ça et ensuite ils ramènent le filet sur la plage. Comme ce dernier est immense ils sont obligés de se scinder en deux groupe de je ne sais pas combien de pêcheurs, qui se positionnent de chaque côteé de la plage.
Puis ils se rapprochent petit a) petit, jusqu’à ce qu’ils aient complètement ramené le filet sur le rivage.
Une fois le filet était plein à craquer de poisson, l’autre fois il y avait peut être trois poissons qui se courraient après. Les pêcheurs étaient vraiment dégoûtés de leur maigre butin, car ils avaient bataillé et transpiré plusieurs heures pour rien…
Video des filets chinois
Petit déjeuner typique du Kerala: poudre de riz avec curry à l’œuf
Video des pecheurs de Kovalam.
Dutch cemetery
Tombe de l’explorateur Vasco de Gama dans l’église St Francis, à Fort Kochin: il est mort à Kochi en 1524 lors de sa troisième visite en Inde. Mais après 14 ans ses restes ont été rapatriés au Portugal.
Biryani aux légumes.
Les pêcheurs vendent leur prises juste devant les filets chinois.