Après en avoir pris plein les yeux avec le volcan Bromo je poursuis ma route pour aller voir un autre volcan: le Kawah Ijen. Quatre bus et 24 heures plus tard je débarque à Sempol, le village près du volcan.
Le voyage pour y arriver est magnifique une fois de plus. Lors de la descente vers le village la vue est superbe, avec le volcan, immense, qui crache de la fumée. Il y a aussi de nombreux singes qui sautent d’arbre en arbre au passage du bemo, le mini bus local. Une fois de plus je suis la seule étrangère dans le bus, les locaux me regardent comme si j’étais une alien débarquée de l’espace. Peu d’étrangers prennent les transports publics, la majorité prennent des tours tout organisés depuis les grandes villes. Pour moi, c’est hors de question! Je préfère me mêler à la population et galérer dans les transports en commun, et parfois c’est un peu compliqué! Mais en général tout se goupille plutôt bien et j’arrive toujours à destination.
Bon par contre il ne faut pas être pressé!
Emprunter les transports locaux procure une sensation de liberté qu’aucun tour operator ne peut égaler. Je trouve ça un peu nul qu’un mec vienne me chercher devant la porte de mon hôtel, m’emmène dans un endroit avec plein d’autres touristes dans une voiture climatisée …
Je trouve ça complètement aseptique, pire que l’hôpital! C’est trop facile. Je pense que même si j’étais pleine de sous je continuerai à voyager comme ça. Mais bon chacun sa conception du voyage. Et puis parfois c’est vraiment trop compliqué ou trop long, alors pas le choix.
Mais l’Indonésie se prête bien au baroudage via les bus alors c’est parti!
Le bemo me laisse à l’entrée de Sempol, un peu au milieu de nulle part. Ce village est perdu dans les plantations de café, du coup certaines plantations ont aussi quelques chambres pour les voyageurs. Je marche un petit km jusqu’à l Arabica plantation, trouve une chambre plutôt sympa.
L’après-midi je vais me balader dans le village. Ce qui choque de suite, et dans le bon sens du terme, c’est la gentillesse de ces derniers. Quand je les croise ils me disent tous hello, avec un grand sourire. Certains viennent discuter, curieux de savoir d’où je viens. Et je vais retrouver ça dans tous les villages où je vais passer en Indonésie. Ça fait chaud au cœur!
En Amérique du sud ça n’a rien à voir. Rares sont ceux qui te disent bonjour, quant j’arrivais dans un village paumé j’avais plus l’impression de déranger qu’autre chose. Ici les gens sont vraiment adorables, souriants, accueillants… Les enfant me courent après en me demandant mon prénom, ils me font coucou du pas de leur porte… Le village est un peu sale, il faut dire que les indonésiens ne sont pas écolo pour un sous. Ils jettent beaucoup de choses dans la nature, mais là-bas c’est comme ça c’est un peu dans leur mentalité. Il faut dire qu’ils ont d’autres chat à fouetter que l’écologie, comme survivre par exemple! En effet dans les villages les gens sont très pauvres et font comme ils peuvent pour s’en sortir. Et même dans leur situation plus que précaire ils gardent le sourire. Grosse leçon d’humilité!
Pour y arriver ce n’est pas très long, juste 1h30 mais qu’est ce que ça grimpe!
Le Kawah Ijen culmine à 2400m et il est le principal centre d’exploitation de soufre de toute l’Indonésie.
Le soufre jaillit à l’état liquide puis une fois solidifié il est extrait de l’antre du volcan, près du lac, par des hommes qui, pour quelques milliers de roupies (une misère) remontent ensuite les blocs de soufre jusqu’en haut du cratère puis l’acheminent dans un dépôt pas très loin de la cabane du garde pour se faire payer. C’est ainsi qu’ils vont parcourir une vingtaine de km avec un poids allant de 40 à 70kg dans deux paniers suspendus à un fléau (un long bâton qui relie les deux paniers).
Les conditions d’extraction et de traction sont épouvantables et très dangereuses, notamment à cause des émanations de soufre, mais le salaire des porteurs de soufre reste légèrement meilleur que celui des autres métiers et donc de nombreux jeunes gens font ce job. Mais ils gagnent tout de même une misère compte tenu des efforts fournis!
Sur le chemin je croise plusieurs porteurs de soufre. Effectivement ils sont vraiment chargés à bloc, je ne sais vraiment pas comment ils font pour faire ça. Ils descendent le chemin avec une petite foulée, rythmée par le couinement des paniers qui se balancent. De temps en temps ils changent d’ épaule.
Puis j’arrive au sommet du cratère. L’odeur de soufre est omni présente. Je ne vois pas de suite le fameux lac turquoise car je suis en plein dans la fumée que crache le volcan. Pas évident de respirer dans cette atmosphère, mais j’ai prévu mon écharpe que je mouille pour mieux respirer. Ouf c’est mieux comme ça! Dire que les porteurs de soufre sont dans la fumée à longueur de journée! Bien peu se protègent les voies respiratoires, ils ont juste un short et des tongs…
Je contourne le cratère par la droite et la fumée se dissipe enfin, dévoilant un superbe spectacle.
Le fond du cratère est un immense lac couleur bleu turquoise; on voit tout en bas les dépôts de soufre avec les ouvriers qui en extrait des blocs; une épaisse colonne de fumée blanche s’échappe de l’antre du volcan, et vient piquer ma gorge et mes yeux; les versants du cratère ne sont que des roches à perte de vue… Sur ma droite les porteurs de soufre arrivent essoufflés et éreintés, après avoir porté la roche jaune sur les épaules depuis le fond du cratère; je ne sais pas combien de dénivelé ça fait, les photos parlent d’elles même.
Plus que jamais mon voyage me permet de réaliser à quel point j’ai de la chance d’être née en France plutôt qu’ici ou la misère est omniprésente. Je ne me plains pas souvent à l’origine, mais là plus jamais, c’est sur!
Puis je prends le chemin du retour. Je croise alors Sunu, un porteur de soufre, qui fait une pose sur son long chemin de croix. Il me demande de l’ eau, je lui donne ma bouteille, j’en rachèterai en bas, il en a plus besoin que moi! Il faut dire que le soleil est bien levé dans le ciel, et la chaleur est écrasante.
Du coup on discute un peu, il me dit quelques mots en anglais, on fait une photo ensemble.
Puis je reprends la route, très vite Sunu me dépasse, il est bien plus rapide que moi malgré le fardeau qu’il porte sur ses épaules.
Arrivée en bas je mange une noodle soup bien méritée, l’Indonésie c’est le pays des nouilles, les cousines des pâtes alors forcement ça me plaît!!
Puis je m’attelle à trouver un moyen de rejoindre le ferry. Il y a quelques mecs qui me propose d’y aller en taxi moto, mais ça fait quand même cher car ils doivent revenir ici ensuite. Par chance le garde du volcan a fini sa journée de travail, et comme il habite juste à côté du ferry il me propose de faire le trajet avec lui, sur son gros scooter, pour pas trop cher. C’est parti!!
Je ne vais pas tarder à comprendre pourquoi aucun bus n’emprunte cette section de route. Elle est tout simplement défoncée, et encore le mot est faible. Pendant plusieurs km la route ou plutôt ce qu’il en reste n’ est que pierres, rochers, nids de poule, avec des descentes à faire peur. Le scooter vibre dans tous les sens, avec mon gros sac à dos je manque de me croûter à plusieurs reprises.
La seule chose qui me reste à faire c’est fermer très fort les yeux, me cramponner au scooter et prier!! Heureusement le conducteur a l’air d’ avoir l’habitude et on arrive sur la route normale en vie. Ouf!!
Le trajet jusqu’au ferry traverse des petits villages et des rizières, tout est très vert.
Puis une fois arrivée en ville il arrête la moto car un bus roule derrière nous. Il l’arrête et coup de bol il va à Denpasar! J’arrive à Kuta, sur Bali 7 heures plus tard, après avoir pris trois autres mini bus et un ferry.
Je me trouve un hôtel pas très cher dans le dédale des rues de Kuta, une bonne douche et zou, au lit après cette journée bien remplie!
Un porteur de soufre.
Video d un porteur de soufre.
Video du volcan.