J’ai eu la flemme de tenir le journal, donc j’écris cette partie un mois plus tard, autant dire une éternité pour ma mémoire! Que c’est-il passé depuis? Après avoir pris la route solo, je dois bien avouer que ma motivation est allée decrescendo au fur et à mesure que les jours passaient.
Déjà ce qui m’a bien gavée c’est que j’ai été dans l’impossibilité de trouver une petite route pour descendre dans le sud. Après la ville dont je ne me rappelle plus le nom et où j’ai fait je sais pas combien de km pour voir les ruines les plus quelconques de ma vie, il n’y avait qu’une autoroute pour aller à l’autre grande ville dans le sud, Chittagong. J’ai quand même fait deux jours sur l’autoroute.
C’est sûr c’est pas comme en France, mais c’est quand même super dangereux: il y a des centaines de camions et de bus qui passent à quelques mètres de moi, alors que je roule sur une espèce de bas côté. Les camions me frôlent parfois, ils se fichent complètement des vélos!
Et puis j’en ai eu vraiment marre de me prendre les pots d’échappement dans la tête, c’était vraiment un truc de fou! Après avoir pédalé deux jours sur cette route, j’ai du arrêter et prendre un bus jusqu’à Chittagong car il n’y avait plus de bas côté sur lequel rouler. J’ai fait deux ou trois km comme ça, et j’ai arrêté car je me suis dit que ça ne valait pas la peine de mourir écrasée comme une crêpe sur le bitume au fin fond du Bangladesh juste parce que je ne voulais pas lâcher le morceau du truc que je ne suis mise dans la tête!
Et oui je suis obligée d’abandonner le défi, je suis pas fière de moi, c’est pas dans mes habitudes d’abandonner mais tant pis, j’ai pas le choix ça devient vraiment trop dangereux. D’autant plus que quelques jours plus tard, qu’est ce que j apprends!!! Stan s est fait renverser par un camion!!!!! Le fils de p… de chauffeur ne s’est bien sur pas arrêté. Heureusement, Stan s’en sort qu’avec des bleus et des contusions. C’est un miraculé, il aurait vraiment put y rester… Ça fait froid dans le dos!!!
Une fois à Chittagong je me remets en selle, le bus nous largué à l’entrée de la ville, je pédale pendant je ne sais pas combien de temps à la recherche d’un hôtel. La ville est tentaculaire, un peu comme Dhaka, avec son lot de circulation et surtout de pollution!
Une fois à l’hôtel le parcours du combattant commence: je suis censée obtenir un laisser passer pour aller visiter la région des Chittagong Hill Track, à quelques heures à l’est de cette dernière ville. Va savoir pourquoi, il faut un permis pour aller là-bas, permis qui est bel et bien vérifié à divers postes de police sur le chemin comme m’a prévenu Chris par email.
Il faut que j’aille au palais de justice voir le district comissioner, mais celui ci n’est pas là, il est en déplacement à Dhaka… Il faut que j’aille voir un autre district commisioner à l’autre bout de la ville… Bref je vais passer l’ après midi à aller de bureau en bureau à divers endroits pour me voir enfin délivrer le fameux sésame. Il est gratuit, heureusement!
J’ai eu l’impression d’être Passe Partout dans Fort Boyard, à la recherche de je ne sais quel indice pour gagner les sous. J’y croyais plus, quand on m’a donné le permis en main propre c’était comme si je tenais un chèque de 1 million entre les mains!
Le lendemain je quitte sans aucun regrets Chittagong pour Rangamati, une petite ville dans la région de Chittagong Hill Trak. Il parait que c’est très joli, et effectivement dans le bus le paysage qui défile est très sympa: en fait ce sont des centaines de collines à perte de vue. Bon rien d’ extraordinaire c’est sûr mais c’est quand même sympa pour le Bangladesh, vu qu’il n’y a pas grand chose à voir à l’origine.
J’arrive à Rangamati, j’enfourche mon vélo que j’ai fait voyager sur le toit, à la recherche d’un hôtel.
J’en trouve un pas très loin, la chambre est un peu bancale pour le prix. Je vais me laver les main dans la salle de bain, j’ouvre le robinet et là…. y a une mygale qui sort de dessous le lavabo! Je fais un bond de dix mètres de haut, ne m’attendant pas du tout à une telle rencontre! Elle est vraiment énormissime, avec ses grosses pattes velues… Dire que j’ai pas réussi à en voir en Amazonie mais que dans ma chambre d’hôtel, au fin fond du Bangladesh, alors là y a pas de problèmes! Brrrrrrrr.
Je vais voir le proprio de l’hôtel, je lui explique que je ne peux pas dormir dans cette chambre, à moins qu’il ne m’apporte la mygale trucidée sur un piquet. Pas moyen que je me fasse bouffer par ce monstre pendant mon sommeil! Je suis pas mazo! Bon bien sur il ne comprend rien car il ne parle pas un seul mot d’anglais! Je réussis quand même a lui faire comprendre la situation, en mimant la mygale. Me demandez pas comment on fait pour mimer une mygale, c’était pas facile à faire mais bon il a compris, du coup il me donne une chambre 10 fois mieux pour le même prix! Trop bien, je sais ce qu’il me reste à faire la prochaine fois où j ai une chambre pourrie!
Bref après la mygale je vais visiter un peu le village; je m’aventure un peu dans un quartier qui borde le lac, c’est vraiment très pauvre. Des enfants commencent à pleurer et à se réfugier dans les bras de leur mère car c’ est la première fois qu’ils voient un blanc, et ça leur fait très peur!
Bon en fait pour que les Chittagong Hill track ça soit sympa il faut louer un bateau et passer la journée sur le lac. Mais comme ça coûte un bras, je ne peux pas me le permettre. Donc du coup j’ai vite fait le tour! Le lendemain je veux m’en aller mais il y a une gréve de bus, donc je suis coincée au village. Tant pis, j’en profite pour faire la loque un peu. Le proprio de l’hôtel est d’accord pour me racheter mon vélo, il me le rachète 2000 takas, je l’ai payé 5000. C’est déjà pas mal, je pensais pas trouver quelqu’un pour me le racheter! D’autant plus qu’il est vraiment très mal au point, à chaque coup de pédale que je donne on dirai qu’il va se désintégrer tellement il couine…
Le lendemain je prends deux bus et 6 ou 7 heures plus tard, je débarque à Cox Bazar, au sud du Bangladesh. Dire qu’on était censé arriver là à vélo!
Je retrouve Stan et Dan à l’hôtel. Ils sont arrive à Cox Bazar il y a quelques jours déjà et font les larves sur la plage. Je vais très vite les imiter!! Ça fait du bien de se poser un peu!!
Il faut dire que ce pays m’a épuisée. Il y a à peine quelques jours j’étais super motivée, je voulais aller dormir chez les gens, je voulais aller jusqu’ au bout à vélo, j’avais la super patate quoi!
Et puis en l’espace de quelques jours je me suis essoufflée. Plus envie de tenter de m’incruster chez les gens, fatiguée de pédaler dans la pollution, dans le chaos des villes… Même les gens m’ont fatiguée. Ils sont adorables mais ils ne se rendent pas compte qu’à la longue leurs questions incessantes sont autant de harcèlement pour nous. En plus on peut même pas les envoyer balader comme je fais en inde où je suis en ce moment, car contrairement aux indiens qui nous abordent à 99 pourcent pour essayer de nous rouler dans la farine ou de nous prendre des sous, les bangladais eux viennent vers nous uniquement par curiosité, en étant super gentils et souriants. Donc je n’ai pas le cœur de leur dire de me laisser tranquille! C’est un pays vraiment usant à la longue, même Dan et Stan ont un peu perdu les pédales et se sont battus avec des mecs. Il faut dire que dans le sud les gens sont quand même moins sympas que dans le nord, ils sont plus tournés vers l’argent.
Cox Bazar c’est sympa mais sans plus. C’est la station balnéaire à la mode au Bangladesh, mais pour n’importe quel étranger ça ne casse pas trois pattes à un canard.
Après avoir légumé pendant un jour, je prend un bus qui me ramené à la capitale, Dhaka. Je passe une quinzaine d’heure dans le bus, beaucoup plus que prévu! La faute à d’interminables embouteillages géants à l’ approche de la capitale. Que ceux qui se plaignent des embouteillages à Marseille ou même à Paris viennent faire un tour à Dhaka: on roule à 10km heure pendant dix minutes, puis tout le monde est à l’arrêt pendant 30 minutes. Et ça pendant plusieurs heures d’affilée, toujours dans un bruit assourdissant et une pollution à couper au couteau.
J’arrive à l’hôtel à 1h du mat alors que j’étais censée arriver à 20h… Alala heureusement que je suis patiente! Je passe deux jours à Dhaka, je m’ étais dit que j’allais un peu visiter la ville mais franchement ce pays m’a tellement épuisé et suce toute mon énergie jusqu’à la moelle épinière que je ne fait rien de spécial, juste mon blog depuis le cyber café que j’ai miraculeusement trouvé.
Puis je trouve un bus de nuit qui fait Dhaka-Calcutta. Je suis assez contente de partir du tumulte et de la pollution ambiante du pays, mais en même temps je m’en vais vers un autre pays qui n’est guère reposant. Et oui, après le Bangladesh je continue avec un autre pays qui est parait-il très épuisant, l’inde! Vivement le mois de février où je vais faire la grosse loque sur les plages des Philippines avec ma cop Camille!
Voilou, vous l’aurez compris au Bangladesh il n’y a rien de très beau à voir, on y va pas pour admirer les paysages; on y va pour les habitants, qui sont d’une gentillesse et d’une générosité que je n’avais jamais rencontré auparavant, alors que ce sont aussi les plus pauvres… De quoi faire vraiment réfléchir sur pas mal de truc!! Vraiment contente d’être allée dans ce pays, même si sur la fin il fallait vraiment que je me barre vite fait pour la sauvegarde de ma sante mentale!!!
Rangamati.
Toujours Rangamati.
Un commercant fait cuire des praratas, ma nouvelle drogue.
Stan a Cox Bazar.
Moi qui fait la larve a Cox Bazar.
Coucher de soleil a Cox Bazar.