Bouzkachi au jailoo de Saralasaz.

Depuis que je suis en asie centrale, je veux absolument voir un bouzkachi. Qu’est ce qu’un bouzkachi? Littéralement cela veut dire « attraper la chèvre ». C’est un jeu complètement sauvage pour nous européens, qui est plus proche de l’affrontement guerrier que de l’activité sportive..
En fait c’est une espèce de polo, sauf que en guise de balle les joueurs utilisent… une dépouille de chèvre ou de mouton décapité. Âmes sensibles s’abstenir!
Le jour précédant la partie, le bouz est éviscéré, sa tête et le bout des pattes sont sectionnés, et il est plongé dans l’eau froide pendant 24h pour le raffermir.
Au début du jeu, il est placé au centre d’un cercle à l’extrémité du terrain, tandis que deux équipes de cavaliers hors pairs (tchopendoz) attendent à l’autre bout. Au signal, tous se ruent vers le cercle afin de s’emparer du bouz, de faire le tour du terrain en le conservant et de revenir le jeter dans le cercle. La lutte est féroce et chaque concurrent est armé d’un court fouet en crins de cheval et n’hésite pas à frapper les autres joueurs avec. Il n’est pas rare que certains tchopendoz finissent la partie avec le nez cassé ou une épaule luxée!
Bref même si c’est un peu degeu, je suis à la recherche d’un bouzkachi depuis des mois, car c’est parait-il un spectacle fabuleux et authentique, qui remonte à des siècles en arrière.
Le problème c’est que les bouzkachis se déroulent pour la plupart en hiver et au mois de mars, plus spécialement autour du 21 mars, pour fêter Noruz, la principale fête d’Asie centrale, qui correspond au nouvel an dans cette région du globe. Mais de temps en temps des bouzkachi sont organisés pendant l’été, lors de festivals pour les touristes. Le hic c’est que je ne suis pas au kyrgystan pendant ces festivals…
Lors de mon séjour dans le jailoo de Saralasaz j’ai pose la question à la famille chez qui je restais, et ô miracle ils m’ont dit que un bouzkachi allait bel et bien être organisé dans le jailoo, le 2 juillet!
Je demande si c’est sur, Soraya me repond ouioui c’est sur. Rendez vous est pris!
Le 1er juillet je retourne donc à Kochkor, et je demande à toutes les agences de tourisme si ils ont entendu parler de ce bouzkachi. Tout le monde me répond non il n’y a pas de bouzkachi.
Je suis un peu deg, je vois ma seule chance de voir ce spectacle s’envoler en fumée.
Mais bon je ne dis quand même ils étaient catégoriques là haut! Je décide donc de retourner dans le jailoo, afin d’avoir la conscience tranquille et de vérifier l’information par moi même.
Donc après plusieurs heures de marche je redébarque pour la seconde fois dans le jailoo.
Je vais frapper à toutes les yourtes que je croise, et à chaque fois on me dit niet bouzkachi niet bouzkachi. Arf lasse je décide de laisser tomber, mais je vais quand même frapper à la porte d’une dernière yourte. Et là on me dit Da bouzkachi!!!! Après je ne sais pas combien de temps je réussi à comprendre que le bouzkachi aura bien lieu le lendemain après midi, mais que personne n’est au courant en ville car c’est une agence de voyage française qui a commandé le jeu directement à une famille de berger! Je suis super contente, je vois mon buzkachi revenir au grand galop.
Du coup je demande à la famille de la yourte si je peux manger et dormir chez eux. Ils me disent pas de soucis, je suis la bienvenue.
Je retourne dans la yourte de Soraya où j’ai passé une nuit dix jours plus tôt. Elle n’est pas là mais le reste de la famille si, et ils m’accueillent les bras grands ouverts, à coup de bols de kumuz que je finis le plus lentement possible car sinon on me ressert trop vite et ma mini vessie ne va pas tenir le choc. D’autant plus qu’une fois la nuit tombée pour aller au pipi room il faut faire gaffe car il y a plein de chiens qui rodent et qui n’hésitent pas à attaquer pour protéger leur yourte des inconnus!
En début de soirée je retourne dans la yourte où je vais passer la nuit.
Il y a les parents avec trois enfants, une ado, une petite fille et un garçon au milieu. Nous mangeons à la lueur de la lampe à huile. Au menu: mouton bouilli, avec des nouilles. Le père s’attelle à la tête et gobe un truc rond après avoir fracassé le crane du mouton. J’imagine qu’il vient de manger la cervelle… Gloups! Moi j’ai de la chance j’ai droit à une patte.
Mes hôtes prennent la viande du mouton comme ça, à même les doigts et se la donne les uns aux autres. Ils m’en donnent aussi comme ça, et je rigole car je sais qu’ils ne se lavent pas souvent les mains et va savoir ce qu’ils ont fait dans la journée! Le truc hallucinant c’est que vraiment rien ne se perd sur la carcasse. Le lendemain soir la petite fille était toujours à chercher de la viande sur la tête du mouton, et effectivement en cherchant bien il y en avait encore un peu!
Après manger ils poussent la table du milieu de la yourte et la mettent dans un coin. Puis la mère prépare les lits, à savoir un fin matelas posé sur le sol avec quelques couvertures par dessus. Elle me fait un petit lit à l’écart dans un coin de la yourte, et hop, dodo!
Le lendemain je me réveille vers 6h. Le père et les deux plus grands enfants sont déjà partis.
En effet le matin il faut rassembler les juments qui ont été laissées en liberté pendant la nuit, pour les traire. Parfois elles vont assez loin, et avec leurs jumelles les bergers les repèrent et vont les chercher.
Donc les enfants aident à cette corvée, je trouve ça assez dur, car certains sont très jeunes.
Plus tard les deux enfants rentrent une fois leur besogne accomplie, et se recouchent. Dans les jailoos les enfants aident leurs parents: les filles aident leur mère pour tenir la yourte, faire la cuisine, traire les vaches et les juments, et les garçons aident leur père à gérer les troupeaux, parfois à un âge très précoce.
Le matin le mauvais temps est de la partie: au programme grêle, neige, pluie et vent. Le père de famille commence à me dire que le bouzkachi va surement être annule. Quoiiiiiii y a pas moyen!!!
Finalement le beau temps revient, et après avoir poireauté toute l’après midi on me dit que les touristes sont arrivés, et que le jeu va commencer, prés d’une autre yourte, pas très loin de là ou je suis.
Yeahhh cette fois ci c’est du concret!!! Je me rends à ladite yourte, et là je fais la connaissance de deux françaises, une mère et sa fille, qui font un trek à cheval d’une dizaine de jours et qui ont commandé le bouzkachi lors de cette étape dans le jailoo.
C’est parti! Effectivement c’est très violent, c’est un peu comme du rugby à cheval ou comme une joute au moyen âge! Les mêlées sont impressionnantes, et tous les coups sont permis pour s’approprier la carcasse! C’est un jeu très physique, car pour prendre le mouton posé par terre il faut que le cavalier se baisse complètement tout en restant quand même un peu en selle, avec une main sur la selle, et qu’il attrape la carcasse avec une seule main et remonte en selle comme ça.
Il y a de l’argent en jeu, à chaque manche le gagnant vient voir le guide des françaises pour avoir sa récompense. Et les billets partent très vite! A chaque fois c’est l’équivalent de mon budget journalier qui repart dans les poches du cavalier gagnant. Gloups je suis bien contente de ne pas avoir eu a participer! Les petits jeunes du jailoo ont bien gagné leur journée!
Voilou, le bouzkachi se termine, je suis contente d’avoir pu en voir un, même si c’était un petit bouzkachi, avec six joueurs. Pendant la saison il peut y avoir une vingtaine de joueurs, vous imaginez la cohue!
Le soir je retourne dormir chez mes hôtes dont je prends congé le lendemain matin. Je leur donne de l’argent bien sûr, car même si c’est de l’hospitalité et compagnie c’est normale de donner quelques chose. Ces nomades vivent très chichement et mes sous mettront un peu de beurre dans leur kumuz!

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Préparation du mouton bouilli, avec la tête du mouton.

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Un autre jeu consiste a attraper un petit truc pose sur le sol, en plein galop.

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La tonte des mouton dans le jailoo.

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Mon hôte avec la tête de mouton que toute la famille va décortiquer pendant 2 jours.

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Autre jeu: la lutte a cheval.

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Préparation du mouton bouilli.

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Le soir dans la yourte.

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La partie de bouzkachi fut interrompue par la grêle.

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Lutte a cheval.

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Traite des juments.

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